C'est Gérard Larcher, président du Sénat, qui avait fait un signalement au parquet concernant les trois hauts fonctionnaires. Il estimait que, lors des auditions de la commission sénatoriale sur l'affaire Benalla, ceux-ci n'avaient pas tout dit. Le parquet a admis que leurs déclarations aux sénateurs pouvaient entraîner une suspicion mais que, par la suite, M. Strzoda lui avait remis une note explicite et exhaustive sur les missions confiées à Alexandre Benalla.
On se souvient que l'affaire avait fait grand bruit et que l'implication des trois hauts fonctionnaires de l'Élysée avait été interprétée par la presse comme une menace directe au président de la République et à la durée de son mandat. L'initiative de M. Larcher avait cependant été décrite par les élus de la République en marche comme une très mauvaise manière faite au chef de l'État et une forme de revanche du Sénat, après le fiasco de l'enquête conduite par la commission de l'Assemblée nationale, pilotée par l'élue REM, Yaël Braun-Pivet. La décision du parquet de Paris met un terme à la polémique. En refusant de poursuivre les trois hauts fonctionnaires, il rend indirectement service à M. Macron, et justifie après coup les questions posées par la majorité sur l'initiative prise par le président du Sénat dont l'intention politique semble prendre le pas aujourd'hui sur le cas de conscience qu'il a mis sur la place publique.
M. Macron n'en a pas voulu au président du Sénat et a même reporté à plus tard la réforme des institutions, M. Larcher étant apparemment hostile à une réduction trop importante du nombre de sénateurs. En revanche, il y a tout lieu de s'étonner du sort réservé par les médias à une décision de justice qu'ils ont à peine mentionnée, alors que, quelques mois plus tôt, ils voyaient dans le signalement fait par M. Larcher au parquet de Paris le début de la chute du président. Il est désormais admis que Alexandre Benalla et son comparse Vincent Crase se sont conduits comme des irresponsables, outrepassant leurs fonctions et jouant comme des gosses à la castagne des manifestants de tout poil. Les médias étaient pourtant tenus de reconnaître que, après avoir dramatisé une affaire qu'ils considéraient comme désastreuse pour le pouvoir, ils devaient réhabiliter les trois fonctionnaires et admettre que M. Benalla n'a jamais été en mesure de faire tomber le président.
La vérité de la veille et celle du lendemain
Ce n'est certes pas la première fois que, sous l'empire de la concurrence, les journaux et les chaînes de radio et de télévision présentent comme tragique un épisode de la vie politique dont l'histoire ne retiendra rien. Mais une mauvaise analyse qui n'est pas corrigée à la lumière de nouveaux éléments est une forme aigüe de désinformation. Pour une grande partie de la presse, l'essentiel est sans doute d'oublier ce qu'elle a dit et de passer à un autre vrai ou faux scandale.
Cela a toujours été vrai car on ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure. Mais le catastrophisme médiatique peut avoir une influence sur le cours des événements politiques. Il peut fausser le jugement des citoyens : nous avons assisté à ce phénomène avec la crise des gilets jaunes qui, après avoir réclamé des baisses d'impôts et de taxes, en sont arrivés à exiger la démission du président et la dissolution de l'Assemblée nationale. De si bonnes idées n'étaient pas forcément les leurs : il leur suffisait de lire le bréviaire de Jean-Luc Mélenchon. Et quand en outre la presse se trompe et entonne le "tous pourris", elle déclenche des comportements sociaux excessifs. Le problème vient de la difficulté à cerner la vérité, celle du jour étant modifée par celle du lendemain. C'est donc un devoir pour la presse de dire que le drame de la veille n'en était pas vraiment un, qu'un homme accusé a été blanchi, ou qu'un coupable est en réalité innocent. Et le dire avec l'insistance qu'elle réserve à la dramatisation.
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