Les autorités sanitaires françaises, qui avaient été débordées face à l'arrivée du Covid début 2020, ont promis ce 23 mai de gagner en efficacité et en réactivité, avec le lancement d'un nouveau centre de crises au sein du ministère de la Santé. « Le but, c'est de prévoir l'imprévisible », a résumé la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, lors de l'inauguration de ce Centre de crises sanitaires (CSS). Celui-ci sera partie intégrante de la Direction générale de la Santé (DGS).
Cette réorganisation intervient après que les autorités sanitaires ont tiré « les enseignements des expériences passées et notamment de la crise liée au Covid-19 », selon un communiqué de la DGS. Les autorités sanitaires françaises avaient été prises de court début 2020 par l'arrivée du Covid, à l'origine d'une crise sanitaire d'une ampleur exceptionnelle. Cette désorganisation, qui a duré plusieurs mois, a été documentée par un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), discrètement rendu public en 2023 après avoir été révélé par le Parisien.
Ne pas revivre la désorganisation lors de la pandémie de Covid
La DGS disposait certes déjà depuis une quinzaine d'années d'un service destiné à répondre aux situations d'urgences, le Centre opérationnel de régulation et de réponses aux urgences sanitaires et sociales (Corruss). Mais, comptant à peine plus d'une dizaine de personnes, il avait été immédiatement débordé par la crise du Covid.
Même après un afflux de personnels supplémentaires pour gérer la crise, la désorganisation a duré des mois, selon le rapport de l'Igas. « Ce manque de vision d'ensemble a mené à des activités conduites en doublon, mais aussi à l'absence de prise en charge de certains sujets, en particulier par anticipation », concluait-il, citant l'approvisionnement en masques ou la situation dans les Ehpad.
Ce constat d’échec a fait réfléchir les acteurs de santé publique à une meilleure préparation, en particulier aux pandémies, et le Pr Franck Chauvin a proposé en 2022 dans un rapport la création d’un Institut français de santé publique, transversal entre les différentes agences, avec un « Conseil scientifique mobilisable en cas de crise ». De son côté, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) a récemment plaidé pour la création d’un Institut de recherche multidisciplinaire et intersectoriel « hors les murs ». Pour le comité, alors que la gestion de crise épidémique ou environnementale implique « des changements rapides de comportements et des activités des individus, des communautés et des organisations », l’enjeu est de communiquer sur les risques, les incertitudes et les interventions, mais aussi maîtriser les effets de flux d’information et de désinformation (infodémie).
Le nouveau fonctionnement veut permettre « une gestion transversale des crises ». « Grâce à son positionnement direct auprès des autorités, il est en capacité de répondre aux enjeux de responsabilité politique et peut mobiliser des moyens de réponse en cas de crise », lit-on. Le service CSS à la DGS inclut toujours le Corruss, dont les effectifs ont été doublés, mais y est adjoint un « pôle de préparation », composé d'une cinquantaine de personnes et chargé de mieux anticiper les crises potentielles. Le Corruss, qui compte une équipe pluridisciplinaire de 20 professionnels (médecins, pharmaciens, ingénieurs, épidémiologistes, gestionnaires de crise, cadres de santé) « assure ainsi 24 heures/24 et 7 jours/7 la veille et la réponse opérationnelle aux urgences sanitaires », est-il souligné dans le communiqué.
À ce titre, les Jeux olympiques de Paris, qui débuteront dans deux mois, apparaissent comme le premier défi majeur pour ce centre de crises, même s'il est actuellement mobilisé pour l'épidémie de choléra à Mayotte ou les violences en Nouvelle-Calédonie. Les JO sont en effet exposés à une série de risques qui vont des canicules estivales aux attentats terroristes en passant par la transmission de maladies infectieuses.
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