Après deux tribunes parues cet été dans les colonnes de Libération et du Parisien, le collectif de professionnels de santé Stop-Postillons, exhorte une nouvelle fois les pouvoirs publics à rendre le port du masque obligatoire à l'école primaire pour les enfants dès 6 ans pour « colmater la brèche » de l'épidémie de Covid-19. « Si les parents se protègent par leurs masques au travail, mais que les enfants se transmettent le virus à l'école, la contamination se fait de foyer en foyer par cette brèche », fait valoir le collectif, jeudi dans un communiqué. Cofondateur du collectif, le Dr Michaël Rochoy, médecin de famille à Outreau, explique au Généraliste pourquoi il devient selon lui urgent d'appliquer cette mesure.
Alors que plusieurs centaines de classes ont fermé leurs portes en raison du coronavirus depuis la rentrée, vous préconisez à nouveau le port du masque à l'école dès 6 ans. Pourquoi ?
Dr Michaël Rochoy : D'une part, on sait que les enfants peuvent transmettre le virus quand ils sont symptomatiques. Il n'y a donc pas de raison de laisser des enfants symptomatiques propager le virus. On pourrait discuter de cette stratégie si on contrôlait la maladie mais ce n'est pas le cas. Le nombre de cas explose, les délais pour les tests RT-PCR augmentent, le gouvernement vient de remettre en place le dispositif de chômage partiel pour garde d'enfant, de plus en plus de gens sont en quatorzaine sans travail, sans école. Le fossé se creuse entre les élèves qui sont à l'école et ceux qui ne pourront pas y aller. Beaucoup de choses restent à faire pour que tout le monde ait la meilleure scolarisation possible et le masque dès les 6 ans de l'enfant en fait partie. Nous défendons cette position depuis le mois de mai.
Au-delà de la transmission du Sars-CoV2 chez les enfants – qui d'ailleurs ne fait pas consensus–, le port du masque aurait un autre intérêt en diminuant la propagation des autres viroses et ainsi de faciliter le diagnostic Covid ?
Dr M. R. : Exactement. Un des arguments de ceux qui sont contre le port du masque à l'école primaire est de dire que les enfants font peu de formes symptomatiques. On sait comment cela se passe dans les écoles. Dans une classe, il y a toujours au moins un élève absent car il est malade et après, c'est son voisin. Le problème est que tous les enfants font des viroses respiratoires, ont le nez qui coule ou font un peu de fièvre. On ne sait pas ce qu'ils ont, ils ont besoin d'un isolement jusqu'à la PCR mais comme on fait des tests pour tout le monde, les délais explosent et les enfants attendent. Chez moi, à Boulogne, les délais pour les tests sont passés de 24 heures à sept jours en l'espace de deux semaines. Le masque permettrait de diminuer toutes les contaminations. Ne pas porter le masque pour 4 millions d'enfants qui sont à l'école primaire implique la propagation virale habituelle. Or, on a besoin que cette propagation soit cette année très inférieure pour pouvoir préserver le système de santé, le système économique et le système scolaire. J'ajoute que l'OMS recommande le port du masque de 6 à 11 ans s'il y a existence d'une transmission généralisée dans la région où l'enfant réside, c'est le cas dans de très nombreux endroits en France.
Après les premières fermetures d'écoles, avez-vous bon espoir que les pouvoirs publics imposent le masque chez les plus jeunes ?
Dr M. R. : C'est le but de notre démarche, nous espérons que nous serons entendus. Il ne fait pas de doute que le masque va être imposé à l'école, c'est juste une question de temps. Pourrait-on faire mieux que pour le port du masque chez les adultes ? Dès le 2 avril, l'Académie de médecine avait dit qu'il fallait les mettre et en dehors des transports en commun où cela est intervenu plus tôt, le masque n'a été rendu obligatoire dans les lieux clos que le 14 juillet ! Tous les généralistes sont sous l'eau. En plus de notre activité habituelle, nous devons gérer le tracing, les arrêts de travail... Si on peut imposer le masque à l'école sans attendre 4 mois, cela nous arrangera tous.
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