À la veille du premier week-end des vacances scolaires, Santé publique France appelle à la vigilance vis-à-vis de l’encéphalite à tiques (TBE) qui semble désormais bien présente en France. En témoigne, le bilan des deux premières années de surveillance par la déclaration obligatoire (de mai 2021 à mai 2023) publié ce 7 juillet.
Pour rappel, le virus de l’encéphalite à tiques est un virus du genre Flavivirus dont les rongeurs constituent le réservoir principal et qui peut être transmis à l’être humain essentiellement par deux voies : directement via la morsure d’une tique infestée de l’espèce Ixodes ricinus, ou indirectement pas consommation de lait cru de ruminants (chèvre en particulier) préalablement contaminés, a détaillé lors d’un point presse Alexandra Mailles, épidémiologiste à la Direction des maladies infectieuses de SPF.
Une diffusion observée en Europe
Si sa létalité apparaît faible, sa morbidité demeure importante. Certes, « la majorité des personnes infectées ne présentent jamais de symptômes », indique Alexandra Mailles. Cependant, 30 % développent, après un syndrome infectieux non spécifique et une guérison apparente, une infection grave du système nerveux central : encéphalite, myélite « avec en particulier paralysies des membres » ou méningite, décrit Alexandra Mailles.
Or sous l’effet de la diffusion des tiques dans un contexte de changement climatique, le virus – et plus précisément son sous-type européen – se révèle de plus en plus présent sur le vieux continent. « Les pays les plus touchés sont la République tchèque et l’Allemagne, et les pays baltes, (et) une extension de la maladie en direction de l’Europe du Nord et de l’Est est observée », rapportent les auteurs du bilan. Selon Alexandra Mailles, dans l’UE, en 2020, près de 4 000 cas ont été recensés. Et aux portes de la France, « une augmentation très importante du nombre de cas a été enregistrée en Suisse, avec des épidémies assez importantes », ajoute l’épidémiologiste.
En France, jusqu’à peu, l’état de diffusion du virus restait méconnu, en lien avec un manque d’exhaustivité du système de surveillance mis en œuvre. Mais suite à plusieurs alertes, l’encéphalite à tiques a rejoint la liste des maladies à déclaration obligatoires en mai 2021.
Des contaminations majoritairement autochtones
Deux ans après, les données recueillies confirment que le virus circule sur le territoire métropolitain. « 71 cas (d’infection) ont été notifiés entre mai 2021 et mai 2023 », résume Santé publique France dans un communiqué. Des cas très majoritairement autochtones, 86 % des contaminations ayant eu lieu dans l’Hexagone. « Les infections acquises sur le territoire et identifiées sont désormais plus nombreuses que celles acquises lors de voyages », insiste le rapport.
Et bien qu’un peu plus de 60 % des contaminations concernent des « départements à risque connu », « 17 cas (ont) très probablement (été) contaminés dans un département où aucun cas humain n’avait été notifié précédemment » tels que le Rhône, l’Ardèche, le Cantal, le Doubs, les Vosges, la Marne, etc. énumèrent le rapport. À noter que « le département ayant rapporté le plus de cas au cours de ces deux années est la Haute Savoie, alors que la reconnaissance du virus y est beaucoup plus récente qu’en Alsace », observent-ils.
Une part importante de symptômes neurologiques
Par ailleurs, en termes de morbidité, la grande majorité des cas recensés présentaient des signes neurologiques, ces symptômes plutôt inhabituels étant ceux les plus à même d'orienter le diagnostic. Près de 40 % des patients présentaient une encéphalite, 13 % une méningo-encéphalite, 37 % une méningite simple, et 3 % une encéphalo-myélite, particulièrement graves chez les plus de 65 ans et les enfants, précise-t-elle. D’où une hospitalisation pour près de 95 % des patients. Si aucun cas ne s’est soldé par un décès, lors de la déclaration, la majorité étaient encore hospitalisés ou présentaient des séquelles.
Si la plupart des infections sont liées à des morsures de tiques – dans un contexte d’exposition professionnelle pour 15 % des malades – certaines sont aussi dues à la consommation de produits au lait cru contaminés, comme pour des individus victimes d’une toxi-infection alimentaire collective.
Éviter les morsures de tiques
Face à ces résultats qui « confirment l’installation du virus dans (…) des zones attirant (beaucoup) de visiteurs et de tourisme vert », Santé publique France rappelle avant l’été les règles de prévention des morsures de tiques : port de vêtements couvrants lors de sorties dans les herbes hautes, examen minutieux de la peau, retrait d’éventuelles tiques avec un tire-tiques ou une pince à épiler, utilisation de répulsifs, conseille Alexandra Mailles. L’Anses travaillerait de son côté à la prévention des morsures dans les élevages et ainsi de la production de produits au lait crut contaminé. En outre, comme le suggère Alexandra Mailles, en fonction de l’évolution de la situation, la Haute Autorité de santé (HAS) pourrait être amenée à recommander la vaccination en France.
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