Le mouvement des gilets jaunes s'étiole, comme en témoigne la baisse hebdomadaire du nombre des manifestants. Ils ont promis néanmoins de se réunir massivement samedi prochain. Ils sont déjà convaincus, en effet, que le gouvernement les décevra, quoi qu'il fasse au lendemain du débat. Ce qui se joue, c'est une partie ubuesque entre une minorité qui a trouvé sa vocation définitive dans les manifestations du samedi, et un pouvoir qui a déclenché une sorte de conversation nationale où tout étant permis, on a tout dit et son contraire. A une sédition permanente, le gouvernement répond par une discussion interminable. Cette grand-messe républicaine a ouvert les vannes d'une loghorrée nourrie par des millions de voix et noirci des millions de pages. Sûrement, il y aura eu des convergences, des répétitions et des parallèles : ce que l'on a dit à Rennes aura été dit aussi à Strasbourg. Il appartient aux pouvoirs publics de présenter, un jour pas trop lointain, une synthèse de ces multiples débats qui n'aura de cohérence que si elle simplifie et réunit de si nombreuses pensées.
On peut craindre, dans ces conditions, que le public ne reconnaisse pas ses contributions, ce qui risque de réanimer la flamme de la colère sociale, même si le gouvernement a prévu des bataillons de scribes pour coucher sur le papier ce qui a été exprimé par tant de citoyens. Pourtant, le danger est ailleurs. Il réside dans les espoirs que le débat a soulevés et qui ne seront pas tous exaucés. Politiquement, l'idée du débat était remarquable dans la mesure où elle a atténué les rancœurs et calmé le jeu. Il est indéniable que la pression à laquelle M. Macron a été soumis a un peu diminué. Mais bientôt le président devra annoncer les propositions qui lui semblent acceptables et mériteraient d'être mises en pratique.
Arrière-pensées électorales
Ce sera un nouvel exercice acrobatique. S'il est certain que le pouvoir a pour mission première d'en finir avec la crise, il doit établir le prix qu'il est prêt à payer pour ce résultat. Ce prix se calcule sans doute en euros qui viendront s'ajouter à la douzaine de milliards qu'il a déjà engagés pour éteindre l'incendie. Mais il va bien au-delà de cette somme. Emmanuel Macron est venu au pouvoir avec un programme de réformes. Ces réformes sont très difficiles à mettre en œuvre, certaines sont coûteuses, d'autres, comme les précédentes, sont combattues violemment par différents types de conservatisme. Combien de son projet initial M. Macron devra-t-il abandonner pour satisfaire un minimum de doléances populaires et de quelle manière son changement de cap va-t-il affecter non seulement sa gouvernance mais son budget ?
Pour éviter de dénaturer son propre programme, le président ne peut vraiment compter que sur la désaffection croissante de l'opinion publique à l'égard du mouvement des gilets jaunes. C'est seulement si le soutien des Français aux gilets continue à s'étioler que ses mesures paraîtront raisonnables ou suffisantes. La gravité de la crise a déjà été démontrée par sa durée et elle sera encore plus perceptible si la date fatidique du 15 mars (que le gouvernement ne considère plus comme une limite) permet à la contestation de retrouver des forces et de se poursuivre jusqu'à l'été. La prétendue compréhension par les pouvoirs publics des motivations du mouvement n'est qu'un habillage politique. La vérité se situe au niveau de la confrontation que les commentaires de Mme Le Pen et de M. Mélenchon ne font qu'attiser. Nous assistons à une bataille entre le pouvoir et une fraction du peuple. Dans ce contexte, le rendez-vous des élections européennes ne peut qu'aggraver les frictions. La République en marche y va avec de bonnes cartes et les diverses oppositions n'auront de cesse que la majorité, d'ici là, s'affaiblisse, la violence des critiques n'ayant pour seul objet que de discréditer le pouvoir et ceux qui le soutiennent.
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