La question, bien sûr, ne porte pas sur la longévité politique du Premier ministre, dont la stature a été automatiquement renforcée par le résultat du scrutin européen, favorable à la République en marche (REM). Le risque d'une avance excessive du Rassemblement national (RN) ayant été levé, les supputations sur un remaniement gouvernemental en profondeur, avec changement de Premier ministre, ont disparu. Le silence qui régnait dans la majorité au lendemain du 26 mai alors que des querelles tonitruantes ravageaient la gauche, l'extrême gauche et la droite fut, de ce point de vue, édifiant. Il annonçait une victoire discrète de la REM et la promesse de la poursuite des réformes.
Mais il n'y a pas que la politique. Oui, la perspective d'un retour de la droite ou de la gauche, ou même d'un avènement du RN s'éloignent. Dans ce cas qu'est-ce que Macron doit faire de ses trois dernières années de mandat ? Il a été assez secoué par la crise des gilets jaunes pour comprendre qu'il devait orienter sa politique vers plus d'humanisme, plus de droits, plus de bienveillance pour les moins nantis. S'il est vrai qu'il sort renforcé des élections européennes, on note une contradiction entre les ralliements nombreux d'élus de droite à la majorité, qui font presque de la REM une droite de substitution, et la volonté populaire d'obtenir des dispositions inspirées par le credo de la gauche. Le président de la République s'efforce de répondre à cette aspiration, en donnant une suite aux coûteuses largesses inspirées par la crise. Mais, pour le moment, il ne peut compter sur aucune défection à gauche, aucun mouvement de rapprochement de la gauche ou des écologistes avec la REM.
Un double effort
L'effort à venir est donc double : il s'agit non seulement de prévoir des dispositions budgétaires qui apportent plus d'oxygène aux classes moyenne et pauvre, et leur financement, mais de passer un accord avec une partie de la gauche, par exemple les écologistes si on les considère comme de gauche. Ce serait logique, car ils ont représenté le succès numéro un des européennes, et pas qu'en France. Mais les chefs de ce qu'il reste de la gauche font remarquer qu'un parti qui rassemblerait le PS, Génération.s et EELV aurait devancé le RN aux européennes. La gauche est la tasse de thé de Yannick Jadot, artisan du succès d'EELV, et il serait surprenant qu'il change de camp.
Pour rallier à sa cause le plus grand nombre de gens, le chef de l'État ne peut compter que sur le calendrier électoral. Les Républicains continuent à croire, malgré leur terrible débâcle, qu'ils peuvent se redresser à l'occasion des élections municipales. Ils se trompent. Les élus sont humains, ils ne veulent pas perdre leur poste et les plus LR d'entre eux passeront à la REM s'ils sont sûrs que c'est la bonne étiquette pour être réélu. La poursuite des réformes et l'éventuelle réélection d'Emmanuel Macron en 2022 dépend donc de la conquête des mairies. La REM, incapable de trouver des voix dans les provinces ? Le schéma n'est pas aussi simpliste que cela : si c'était vrai, il n'y aurait pas eu de majorité République en marche en 2017 pour commencer. La conquête des municipalités utilisera donc deux vecteurs : d'une part, un langage respectueux et compatissant avec tous les maires, qui ont été limpitoyablement bousculés par le pouvoir depuis deux ans ; et d'autre part, le cynisme : à l'abattement de LR doit corrrespondre un effort de persuasion systématique en direction des maires LR déboussolés.
Cette hypothèse n'est nullement farfelue. Elle implique une bonne gestion du pays, une communication profondément améliorée, des objectifs inébranlables et de l'empathie pour tous les Français, peuple rebelle qui a toujours besoin d'être rassuré.
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