Un patient avec cinq maladies chroniques devrait utiliser au moins treize applications et sept outils connectés pour un suivi médical efficace. Tel est le constat d’une revue systématique menée par une équipe de l’AP-HP. En effet, les outils numériques en santé ne tiennent souvent pas compte des patients avec comorbidités, les amenant donc à les multiplier dans un usage quotidien. Une situation « peu réaliste », selon les auteurs.
« Cette accumulation d’outils engendre d’importantes contraintes pour les patients multimorbides et soulève des questions sur l’efficacité des technologies numériques en santé », explique un communiqué de l’AP-HP. Les auteurs invitent ainsi à réfléchir à « l’approche des soins numériques » et à « l’amélioration de la qualité de vie des patients ». En France, la prévalence de la multimorbidité est estimée à environ 30 %, selon Santé publique France. Elle serait plus élevée chez les femmes, les sujets les plus âgés, les personnes aux niveaux d’éducation et de revenus les plus faibles et les travailleurs manuels.
Cette étude publiée dans le Jama Network Open a été menée dans le cadre du projet @Hôtel-Dieu (2021), impliquant l’AP-HP, l’université Paris-Cité et les entreprises Implicity, Lifen, Nabla, Nouveal, Withings, qui souhaite « faire émerger et accélérer l’innovation au service du soin ». Ce projet s’articule autour de différentes actions dont la création d’une plateforme unique, en cours de prototypage, pouvant connecter les différentes applications du patient. Un programme soutenu par l’État dans le cadre de la stratégie d’accélération Santé numérique de France 2030.
Moins de 5 % des outils conçus pour deux maladies ou plus
Les auteurs se sont appuyés sur un hypothétique patient multimorbide, âgé de 79 ans et atteint de cinq maladies chroniques : hypertension artérielle, diabète de type 2, bronchopneumopathie chronique obstructive, ostéoporose et arthrose. Ils ont ensuite passé au crible tous les outils numériques en santé, applications ou objets connectés, enregistrés ou mis à jour entre le 1er janvier 2019 et le 31 décembre 2022 autorisés par la Food and Drug Administration ou recommandés sur la plateforme Orcha (Organization for the Review of Care and Health Apps).
Parmi les 148 outils identifiés pour la patiente, 35 % étaient des applications et 65 % des outils connectés à des capteurs. Seulement moins de 5 % étaient conçus pour au moins deux pathologies. In fine, l’équipe a estimé que la patiente devrait utiliser au moins treize applications et jusqu’à sept outils connectés (un tensiomètre, une montre intelligente, un oxymètre de pouls, une balance connectée, un inhalateur muni d'un capteur pour surveiller l'observance du traitement, un spiromètre et un capteur de glucose) pour assurer un suivi médical régulier et pertinent, c’est-à-dire 28 fonctions jugées importantes par au moins trois des cinq professionnels de santé évaluateurs.
Intérêt d’une plateforme unique
Ainsi, les auteurs décrivent l’approche technologique actuelle comme « fragmentée maladie par maladie » et par conséquent « peu adaptée aux patients souffrant de maladies chroniques et aux professionnels de santé qui les suivent », ces derniers devant parfois se connecter aux plateformes pour obtenir les informations de santé de son patient.
« Au vu du fardeau » que représente le paysage actuel des outils numériques pour les patients multimorbides, ils préconisent une « amélioration de l'interopérabilité des outils numériques afin de créer un écosystème intégré où de multiples applications et appareils sont traités et intégrés pour harmoniser les interfaces, les tâches, les alertes et les retours d'information des patients ». Cette étude ouvre de nouvelles perspectives et valide la pertinence de développer une plateforme unique, comme le projet @Hôtel-Dieu Plateforme, en cours de prototypage.
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