Les élections européennes de 2019, par certains aspects, n'ont pas de rapport avec les précédentes : les Britanniques vont présenter des candidats alors qu'ils s'apprêtent à quitter l'Union européenne, ce qui n'est pas le moindre paradoxe ; la domination par les conservateurs du Parlement de Strasbourg appartient au passé, car ils seront très affaiblis par les succès probables des populistes et des néo-fascistes, ce qui va modifier en profondeur la répartition des sièges, alors que la République en marche recherche une place adéquate qu'aucune des anciennes coalitions ne peut lui offrir ; enfin, jamais l'Union n'aura été aussi vulnérable aux démons qu'elle nourrit en son sein, Brexit, absence de l'Allemagne, incapacité de la France de prendre des initiatives à cause de sa solitude, Italie rongée par le populisme, endettement, fragilité face à la Chine et aux Etats-Unis de Donald Trump.
Cependant, l'UE, en dépit de ses nombreux déboires, a été galvanisée par le Brexit. Certains des pays qui la composent et veulent prendre ouvertement leurs distances avec le modèle de la démocratie parlementaire, ont fait cause commune face à un Royaume-Uni qui a cru trop vite qu'il pouvait quitter l'Union tout en conservant les avantages commerciaux et financiers qu'elle lui prodiguait. Aucun des Vingt-Sept n'a été tenté de suivre l'exemple catastrophique de la Grande-Bretagne. Et les gouvernements arrivés au pouvoir sous l'effet de la table rase n'ont jamais poussé leur pion au point de menacer la cohésion européenne. On ne cesse de répéter que l'Europe n'est plus que l'ombre d'elle-même, qu'elle a perdu son aura, son souffle et sa prospérité, elle reste, malgré la crise migratoire et l'endettement excessif de certains de ses membres, une force potentielle et encore un continent où la vie est meilleure qu'ailleurs.
Un immense malentendu
Quelque chose n'a pas changé au sujet des élections européennes : elles donnent lieu à un immense malentendu. Elles devraient être le lieu clos du débat européen, elles sont le zénith des querelles nationales. Le 26 mai, c'est sûr, les Français ne voteront pas pour une refondation de l'Union, mais pour dire ce qu'ils pensent de leur gouvernement actuel. Ils considèrent ce scrutin, qui ne les intéresse guère, comme un référendum sur les qualités et défauts d'Emmanuel Macron. Ils diront ce qu'ils pensent de lui. C'est regrettable, mais ce n'est pas nouveau et il vaut mieux s'y faire. Dans ces conditions, le choix offert à l'électeur tout-puissant est le suivant : souhaite-t-il, après avoir évincé la droite et gauche en 2017, tenter une nouvelle expérience avec Marine Le Pen ? Certes, même si le RN obtenait 30 % des suffrages, il ne conquerrait pas pour autant le pouvoir. Mais la ligne vers 2022 serait tracée et les chances du RN seraient augmentées.
On aura sans doute remarqué que les têtes de liste (il y en a 33 dont deux au moins émanent des gilets jaunes) n'attaquent pas l'extrême droite en particulier, mais s'efforcent des prendre des voix à la République en marche. C'est ce que font les Républicains, la gauche, les écologistes et même l'UDI centriste. Sans doute pensent-ils qu'ils trouveront dans ce vivier des voix avec lequelles ils ont des affinités, donc plus faciles à prendre. Mais en agissant de la sorte, ils préparent la victoire du RN dans trois ans. Le président de la République sait qu'il ne convaincra personne qu'il est, quoi qu'on pense, un moindre mal, une option infiniment meilleure que l'extrême droite, un choix plus raisonnable que tous les autres. A la tête de la liste de la REM, il a mis Nathalie Loiseau qui n'a pas vraiment fait ses preuves, et son parti n'a toujours pas publié son programme. C'est lui, bon orateur et Européen convaincu, qui doit maintenir s'investir et faire campagne si on ne veut pas qu'en mai de 2022 il remette les clés de l'Elysée à Mme Le Pen.
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