Vaccination anti-Covid-19

Pas d'argument pour une 4e dose en France, selon le COSV

Par
Publié le 27/01/2022

Dans un avis publié le 27 janvier, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) juge que la généralisation de la 4e dose de vaccin anti-Covid n'est pas justifiée pour le moment dans l'Hexagone.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Pour le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV), la 4e dose de vaccin anti-Covid en population générale n’est pas d’actualité en France. En effet, dans un avis daté du 19 janvier et mis en ligne ce jeudi, l'instance juge qu’à l’heure actuelle et malgré la forte circulation virale, une seconde campagne de rappel n'apparaît pas justifiée.

La question de la 4e dose « légitime »

Comme le souligne le COSV, la question de la nécessité de proposer une 4e dose à la population au-delà des seuls immunodéprimés (chez qui cette injection supplémentaire est indiquée depuis plusieurs mois) peut pourtant « légitimement » se poser. Et ce, en pleine vague Omicron, afin de contrer la perte d’efficacité des vaccins face à ce nouveau variant, d’anticiper une éventuelle nouvelle perte d’activité dans le temps après le premier rappel, et ainsi de réduire à court terme le nombre de formes sévères, d’hospitalisation et de décès.

D’ailleurs, d’autres pays ont déjà franchit le pas. C’est le cas d’Israël, qui a « commencé le 3 janvier à injecter une quatrième dose aux personnes âgées de 60 ans et plus » ainsi qu’aux professionnels de santé, indique l’AFP. Mercredi soir, le ministère de la Santé de l’État hébreu aurait même annoncé l’extension de la mesure à l’ensemble des personnes à risque de plus de 18 ans. En Europe, le Danemark et l’Espagne ont annoncé leur intention de proposer une 4e dose à des publics vulnérables, et la Hongrie à tous ceux qui en feraient la demande « après avis médical ».

Pas de bénéfice individuel 

Cependant, le COSV juge qu’en France, à l'heure actuelle, « une seconde dose de rappel vaccinal n’apporterait […]pas de bénéfice individuel significatif » en termes de réduction du risque de Covid grave. Car pour l’heure,  « trois doses de vaccin […] offrent déjà une protection de 88 % [78 %-93 %] contre l’hospitalisation due à Omicron », souligne le Conseil, se référant à une étude britannique. Une protection qui se prolongerait dans le temps – se maintenant, chez les plus de 65 ans, à 94 % de 2 à 9 semaines, voire à 89 % plus de 10 semaines après la 3e dose selon d'autres données anglaises. « En France, les données de la DREES montrent que les hospitalisations, admissions en soins critiques et décès n’ont à ce jour pas augmenté de manière significative en ce qui concerne les personnes ayant reçu un rappel », ajoute le COSV.

Par ailleurs, les performances de la 4e dose ne sont à ce jour pas démontrées. D’ailleurs, en Israël – où cette deuxième campagne de rappel n’est fondée « sur aucune étude scientifique », souligne le COSV –, les données sur son efficacité s'avèrent contradictoires. Si quelques jours après le lancement d’un premier essai clinique, des résultats prometteurs (titres d’anticorps neutralisants multipliés par 5 après la 4e dose) ont été communiqués, quelques semaines plus tard, les promoteurs de cette investigation ont annoncé que cette injection additionnelle ne semblait conférer, cliniquement, « qu'une défense partielle contre [Omicron] ». Aucune donnée concernant le profil de sécurité de ce rappel supplémentaire n’est par ailleurs disponible.

Une mesure potentiellement contre-productive à l'échelle collective

En outre, ce rappel supplémentaire n’apporterait aucun bénéfice collectif. Car la mesure s’adresserait pour l’instant uniquement aux personnes ayant reçu leur premier rappel en septembre ou octobre 2021, « ce qui restreint de fait la cible aux personnes âgées, aux personnes vulnérables et aux personnels de santé ». Soit à 3 millions de personnes seulement – pas de quoi faire infléchir rapidement la courbe des hospitalisations –, estime le COSV.

Ce rappel supplémentaire pourrait même s’avérer contre-productif. « En effet, une telle mesure pourrait être interprétée comme un signal d’inefficacité de la vaccination par l’opinion et ainsi induire un risque de désengagement à l’égard d’une vaccination perçue comme trop fréquente », prévoit le Conseil. Un avis d’ailleurs partagé par l’Agence européenne du médicament (EMA), qui craignait aussi que des rappels en série ne réduisent véritablement l’efficacité des vaccins Covid en « saturant » le système immunitaire.

Se concentrer sur la primo-vaccination et le premier rappel

Toutefois, si la 4e dose ne semble au total pas à l’ordre du jour, le COSV n’exclut pas définitivement ce rappel additionnel – qui pourrait être requis dans le futur, à distance de la 3e dose. Et ce, par exemple si une hausse significative des hospitalisations était détectée chez les personnes ayant reçu leur 3e dose. « Certaines données supplémentaires [comme les titres d’anticorps chez les personnes ayant bénéficié d'un rappel en septembre] pourraient être utiles afin d’optimiser la prise de décision », ajoute le COSV. En attendant, la priorité est de « poursuivre les efforts de primo-vaccination » et « de mettre en place toutes les mesures permettant aux personnes âgées et fragiles de recevoir leur (premier) rappel vaccinal le plus rapidement possible », juge-t-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr