Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 21 mai alerte sur l'explosion de plusieurs maladies comme la rougeole, le paludisme, les fièvres de Lassa, Ebola, ou encore la dengue, autant de « records » qui sont des défis pour la médecine des voyages dans un contexte de développement des échanges internationaux et du tourisme, de modifications climatiques et de fake news, soulignent dans l'éditorial les Prs Daniel Camus et Christian Chidiac du Haut Conseil de la Santé publique (HCSP).
Parmi les nouveautés des recommandations sanitaires pour les voyageurs en 2019, le HCSP lance l'alerte sur l'utilisation de la plante entière Artemisia en remplacement d'une chimioprophylaxie homologuée.
Informer les voyageurs des risques de l'Artemisia
En 2017, 219 millions de cas de paludisme étaient recensés dans le monde, sans guère de signes de réduction de l'incidence. En France, 2 730 cas ont été déclarés au Centre national de référence, et le nombre de cas d'importation a été estimé à environ 5 280 cas (issus d'Afrique, en majorité). Ces cas surviennent principalement chez une population de voyageurs qui ne respectent pas les recommandations de prévention antipaludique.
Dans le sillage de l'Académie nationale de médecine, le HCSP rappelle que les tisanes, gélules, ou autres dérivés de l'Artemisia n'ont pas fait la preuve de leur efficacité dans le cadre d'études cliniques méthodologiques contrôlées et rigoureuses. Leur innocuité n'est pas établie, ils sont interdits par l'OMS, et n'ont pas d'autorisation de mise sur le marché en Europe ou aux États-Unis. Le BEH recommande donc aux praticiens de signaler à l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et à leur agence régionale de santé les cas d'utilisation de l'Artemisia dans la prévention du paludisme, et les invite à informer les voyageurs sur les risques encourus par ces pratiques.
Par ailleurs, cette nouvelle version des recommandations aux voyageurs intègre des mises à jour relatives à la toxicité de certains médicaments, et précise les précautions à prendre en compte chez les femmes enceintes ou allaitantes (pas de chloroquine).
Nouveau chapitre sur la pollution
Autre nouveauté, cette édition inclut un paragraphe relatif à la pollution atmosphérique, dans le chapitre consacré aux risques liés à l'environnement. Mention est faite de l'existence d'un indicateur destiné à mesurer la qualité de l'air (Air Quality Index) s'échelonnant de 0 à 500, avec un seuil à 100 au-delà duquel l'air est toxique pour la santé.
Le BEH recommande de se renseigner sur les niveaux de pollution avant de se rendre dans une ville ou un pays. En cas de longs séjours, les personnes vulnérables (enfants, âgés, asthmatiques, malades cardiaques...) doivent réduire leurs sorties ou activités intenses, éviter les axes de circulation, mais ne pas modifier leurs pratiques quotidiennes d'aération et de ventilation de leur habitat, qui peut être doté de purificateur d'air à filtre. Seuls les masques préconisés par le ministère de la Santé, de type N95 ou FFP2, peuvent être efficaces.
Enfin, le HCSP ne recommande pas la vaccination contre la dengue aux voyageurs (le vaccin Dengvaxia étant réservé qu'aux habitants des zones d'endémie, avec un antécédent prouvé d'infection), propose un panorama des pays à risque d'encéphalite à tiques, précise les modalités de vaccination de l'encéphalite japonaise, actualise la liste des obligations pour la vaccination contre la fièvre jaune, recommande l'utilisation de vaccin antigrippaux tétravalents et revoit la conduite à tenir en cas de diarrhées.
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