Alors que le nombre de passages en réanimation a augmenté durant la crise du Covid-19, la Haute Autorité de santé (HAS) publie ce 15 juin des recommandations de bonne pratique pour mieux prévenir, dépister et suivre les cas de syndrome post-réanimation (Post-Intensive Care Syndrome ou PICS).
Le PICS, fréquent puisqu'il touche plus de la moitié des patients à trois mois, désigne un ensemble de symptômes divers d'intensité variable apparaissant dans les 12 mois après l’hospitalisation en réanimation.
Il se caractérise par des symptômes physiques chez environ 40 % des patients sortant de réanimation (troubles musculaires et neurologiques, atteintes ostéoarticulaires, séquelles cutanées et autres séquelles spécifiques d'organes), des troubles psychologiques ou psychiatriques chez 20 à 35 % des patients (troubles anxieux, dépressifs ou post-traumatiques) et des troubles cognitifs chez 20 à 50 % des patients (pertes de mémoire, perte de fluidité verbale, problèmes d'attention ou encore altérations des fonctions exécutives). Avec à la clef, des limitations d'activité et des altérations de la qualité de vie et de l'autonomie des patients, pendant des mois, voire des années. Un an après leur sortie de réanimation, 30 à 45 % des patients ne seraient pas en mesure de reprendre leur activité professionnelle.
Les proches, confrontés à une période de stress intense pendant la réanimation puis à la sortie du patient, peuvent également développer des symptômes, d'ordre psychologique et psychiatrique : le PICS Family.
Mieux repérer les facteurs de risque à l'admission
La HAS recommande dans un premier temps de mieux repérer les patients présentant des facteurs prédisposant au PICS, qu'ils soient propres aux caractéristiques de la personne (âge > 75 ans, comorbidités, antécédents psy) ou liés au passage en réanimation (motif d'admission, durée du séjour, durée de ventilation mécanique, présence d'un épisode de delirium, etc.).
Puis, elle préconise de mettre en place des mesures spécifiques comme la prévention et le traitement du delirium. Il est aussi suggéré d’implémenter dans les services de réanimation des protocoles de mobilisation et de rééducation précoces. Et d'éviter toute contention physique ou d'en réduire la durée.
Pour prévenir le PICS Family, la HAS préconise la mise en place de protocoles d'information et de communication avec les proches, de ne pas restreindre les horaires de visites et de leur donner la possibilité de participer activement aux soins s'ils le souhaitent.
Soigner la sortie
Les symptômes du PICS peuvent se manifester aussi bien dès la sortie de réanimation que dans les semaines et les mois qui suivent.
Aussi la HAS recommande-t-elle d'effectuer systématiquement une évaluation clinique chez les patients à risque, avant leur sortie de réanimation (période de transition clé) et dans les trois à six mois suivant le retour à domicile. Parmi les facteurs de risque, figurent le statut fonctionnel à la sortie (difficultés à se mobiliser, support ventilatoire), un état de dénutrition, des souvenirs d’épisodes délirants, une expérience négative du séjour en réanimation, l'apparition précoce de symptômes psychologiques/psychiatriques (troubles anxieux, dépressifs et de stress post-traumatique).
Tout professionnel amené à voir le patient dans l'année qui suit l'admission en réanimation peut procéder à cette évaluation clinique, tandis que le dépistage et le suivi des patients à risque de PICS sont réalisés par une équipe pluriprofessionnelle, incluant médecins de ville et autres professionnels de santé sensibilisés au syndrome post-réanimation.
Si nécessaire et en fonction de la gravité des symptômes, les patients sont orientés vers les filières de prise en charge adéquates (avec des psychologues, des psychiatres, des kinésithérapeutes, des spécialistes d'organe, des orthophonistes ou encore des médecins généralistes).
Courrier et journal de bord
La HAS recommande la transmission systématique du courrier de sortie par les professionnels de santé de réanimation au médecin traitant, assurant ainsi la continuité de la prise en charge. Ce courrier contient notamment une description précise de l'état clinique du patient à sa sortie, ainsi que ses besoins éventuels en matière de rééducation et de suivi.
L'agence suggère également l'utilisation d'un journal de bord. Rempli quotidiennement par le personnel de réanimation et/ou par les proches, il retrace les événements survenus au cours de l'hospitalisation, permettant ainsi au patient de réorganiser ses souvenirs. Le journal de bord est remis systématiquement au patient à sa sortie, sous la supervision d'un professionnel de santé.
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