Syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) pédiatriques liés notamment à des pizzas surgelées, salmonelloses dues à des chocolats, listérioses causées par des fromages, etc. Ces dernières semaines, les cas de toxi-infections alimentaires se sont multipliés, donnant lieu à une série de retraits et rappels de produits. Des incidents qui frappent par leur caractère répété, mais aussi par leur sévérité, en particulier chez les enfants, particulièrement vulnérables aux toxi-infections alimentaires. Faisant craindre une éventuelle augmentation de la fréquence et de la gravité des épidémies de toxi-infections alimentaires.
Un nombre de cas globalement stable
Cependant, les autorités sanitaires rassurent sur l’incidence des infections alimentaires. « Globalement, le nombre de cas d’infection d’origine alimentaire est assez stable en France », affirme Santé publique France. Et si l’émergence concomitante de plusieurs épidémies dues à des pathogènes différents, avec des retraits et rappels simultanés de produits, apparaît rare, ce phénomène est « déjà survenu dans le passé », ajoute l’agence.
Toutefois, les alertes pourraient s’avérer plus courantes qu’auparavant. Et ce, du fait d’un changement dans la stratégie de nutrivigilance. « Ces dernières années, la surveillance de certaines infections a été renforcée, en particulier par la mise en place de méthodes de typages très performantes (comme le séquençage du génome) qui permettent d’identifier des souches génétiquement liées entre elles », rapporte Santé publique France. Un nouveau système qui, selon l’agence, permettrait d’identifier « plus fréquemment » les sources d’infections alimentaires.
Par ailleurs, d’un point de vue microbiologique, les récentes épidémies apparaissent relativement classiques. Comme le souligne Marianne Chemaly, cheffe de l’unité de sécurité sanitaire des aliments, hygiène et qualité des produits avicoles et porcins au laboratoire de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) de Ploufragan, les espèces à l’origine des récentes alertes font partie du « top 5 européen » des bactéries les plus souvent incriminées dans des toxi-infections alimentaires. Un podium dominé par les Campylobacter (essentiellement véhiculées par la viande de poulet) puis les salmonelles (essentiellement transmises par les œufs et ovoproduits mais aussi par le lait cru) ; les bactéries des genres Yersinia et Listeria (lait cru, poisson fumé cru) ou de l’espèce E. coli (viande hachée, légumes crus, fromages) se partageant ensuite, selon les années, les 3e, 4e et 5e rangs du classement.
De plus, l’antibiorésistance et la virulence des souches récemment identifiées en France étonnent peu. « Les bactéries sont des organismes vivants, qui évoluent et s’adaptent à des environnements hostiles en développant des facteurs de résistance ou de virulence », rappelle Marianne Chemaly. D’où l’émergence régulière de pathogènes plus dangereux pour l’espèce humaine, à l’instar des E. coli, productrices de toxines.
Au total, les récents épisodes d’infections alimentaires ne témoignent donc pas d’une tendance globale à une augmentation anormale de la fréquence ou de la sévérité de ce type d’épidémies. « Et d’une façon générale, le niveau de sécurité sanitaire des aliments reste très élevé en France et en Europe », soutient Marianne Chemaly.
Pas de risque zéro
Néanmoins, selon la microbiologiste, ces évènements rappellent qu’en matière de sécurité alimentaire, « le risque zéro n’existe pas ». Et ce, malgré des contrôles à chaque étape de la production des denrées alimentaires selon le système d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques (système HACCP), « qui est bien appliqué en Europe », assure Marianne Chemaly. « Les quantités produites sont telles qu’il apparaît impossible de tout échantillonner », plaide Marianne Chemaly, pour qui « l’important est de repérer et de comprendre les failles au plus vite afin de les corriger et de les éviter ».
En attendant, « les consommateurs peuvent se protéger de la plupart des infections alimentaires par des gestes d’hygiène de base », insiste-t-elle. Parmi ces règles à appliquer lors de la préparation des denrées alimentaires, l’Anses et Santé publique France citent notamment le lavage des mains et des ustensiles, le respect des températures de conservation, la bonne séparation du cru et du cuit, ou encore la cuisson des denrées à risque.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation