Alors que les épisodes dépressifs majeurs diffèrent entre hommes et femmes en termes de prévalence (un tiers des femmes et un cinquième des hommes avant 65 ans) et de présentation, une équipe française coordonnée par le Pr Pierre Geoffroy (GHU Paris Nord, Bichat), a évalué les disparités selon le sexe pour les troubles du sommeil associés.
Les troubles du sommeil peuvent exacerber la sévérité des autres symptômes, réduire la réponse aux traitements, augmenter le risque de rechute ou encore prédire les comportements suicidaires ainsi que l’apparition de comorbidités psychiatriques. Mieux comprendre ces associations bidirectionnelles permettra de proposer des interventions personnalisées, possiblement en fonction du sexe ou du genre.
L’étude, publiée dans Journal of Affective Disorders, s’est appuyée sur une cohorte américaine de répondants à un sondage proposé par l’un des Instituts nationaux de la santé américains, le National Institute on Alcoholism and Alcohol Abuse. Prévalence, caractéristiques sociodémographiques et comorbidités psychiatriques associées aux plaintes du sommeil lors d’un épisode dépressif majeur ont été passés au peigne fin. Les auteurs ont inclus les données de 34 653 participants.
Dans l’étude, un épisode dépressif majeur a été retrouvé chez 954 hommes (médiane d’âge de 43 ans) et 2 619 femmes (médiane d’âge de 44 ans). Parmi elles, 93,3 % rapportaient au moins un trouble du sommeil contre 91 % des hommes. L’insomnie arrivait en tête (78,3 et 77,2 %) suivie de l’hypersomnie (46,2 et 41,3 %).
Des facteurs de risque pas complètement superposables
Les femmes souffrant d’insomnie étaient plus susceptibles d’avoir un antécédent de phobie, de manie ou de syndrome de stress post-traumatique (SSPT) et d’être mariée, et moins susceptibles d’être noires et d’avoir des revenus individuels bas. Avec de multiples troubles du sommeil, elles étaient plus susceptibles de souffrir d’hypomanie et de manie, de phobie et de SSPT, mais moins d’avoir des antécédents d’alcoolisme.
Quant aux hommes souffrant d’insomnie, ils étaient moins susceptibles d’être noirs, d’avoir des revenus individuels bas, d’être mariés ou de vivre en couple, d’avoir un diagnostic de trouble de la personnalité histrionique et d’avoir des antécédents de consommation de drogue, d’hypomanie et de manie. Ceux avec de multiples troubles du sommeil étaient plus âgés, moins susceptibles d’être mariés, mais plus susceptibles d’être diagnostiqués avec un trouble du spectre de la manie, un trouble anxieux généralisé, un trouble de l’usage médicamenteux ou des troubles de la personnalité schizophrénique.
Les auteurs observent entre autres que le fait de n’avoir jamais été marié(e) apparaît comme un facteur protecteur contre les troubles du sommeil chez les femmes, tandis qu’il constitue un facteur de risque chez les hommes. Selon les auteurs, les charges mentales et domestiques des femmes mariées ou vivant en couple pourraient affecter la qualité du sommeil. L’équipe souligne aussi la plus grande prévalence de l’insomnie et des cauchemars chez les femmes après un traumatisme.
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