Les médecins auraient-ils des motifs de se plaindre de la pandémie actuelle en invoquant la charge de travail ou les souffrances infligées par la dureté de la maladie ? Peut-être pas si l'on se réfère au recueil d'articles de Patrick Zylberman publiés dans Oublier Wuhan qui vient de paraître. Dans une étude historique publiée pour la première fois en 2017, le professeur émérite d'histoire de la santé évoque les violences exercées contre les médecins. Lors de l'épidémie de choléra en Europe, les médecins ont été frappés à Paris, Manchester, Glasgow et Edimbourg. Quelques années plus tard, des médecins sont visés à Naples et Marseille. En 1892, en Russie, un médecin est battu à mort. Ces foyers de violence ne sont pas exclusifs des siècles passés. En août 2014 lors de l'épidémie d'Ebola. Des équipes de MSF et de la Croix Rouge sont prises à partie. Une équipe de sensibilisation est accueillie dans une préfecture de Guinée par des barricades. Des voitures sont arrosées d'essence. « On a déploré sept morts », relève Patrick Zylberman. Pour autant, les pandémies sont-elles toujours in fine des calamités ? Peut-être pas. Certes, des chocs violents se produisent. Mais ils seraient temporaires. Au lieu de l'effondrement brutal, les historiens mettent désormais l'accent sur les changements avec à clef « une hausse dans la complexité ». Exemple, a la suite de la Peste noire, les rapports de force entre seigneurs et serfs se sont inversés. Et les salaires ont augmenté. Faut-il pour autant souhaiter une pandémie encore plus virulente pour réduire les inégalités actuelles ?
Oublier Wuhan, essais sur l'histoire contemporaine des crises sanitaires Patrick Zylberman , la fabrique éditions , 240 pages 2021, 14 euros.
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