En prévention primaire, la moitié des patients sous statines gardent un taux de LDL-cholesterol trop élevé, 2 ans après le début de leur traitement, avec à la clef un potentiel surrisque cardiovasculaire. Telle est la conclusion d’une étude prospective publiée dans la revue Heart, qui plaide pour une approche plus individualisée du cholestérol.
Ce travail a passé au crible les données de soins primaires portant sur 165 411 patients du Royaume-Uni ayant débuté un traitement par statine en prévention primaire entre 1990 et 2016. Pour chacun d’entre eux, les auteurs ont objectivé la baisse de LDL-cholestérol obtenue dans les 24 mois suivant l’instauration du traitement. Conformément aux recommandations américaines et européennes, qui préconisent une diminution de 40 % ou plus, toute réduction inférieure était considérée comme une réponse « sous-optimale ». En parallèle les chercheurs ont analysé les données de morbimortalité cardiovasculaire de ces patients sur une période de suivi moyenne de 6 ans.
Résultats : dans cette cohorte, 84 609 patients (soit 51 %) avaient une réponse jugée sous optimale. Chez ces patients, 12 142 évènements cardiovasculaires ont été recensés contre seulement 10 656 dans le groupe des bons élèves (patients ayant obtenu une baisse de leur LDL-c supérieur ou égale à 40 %). Soit un surrisque cardiovasculaire de 22 % chez les répondeurs sous optimaux. À l’inverse, les « bons répondeurs » avaient un risque de maladie cardiovasculaire réduit de 13 %.
Pour les auteurs, ces résultats « contribuent au débat sur l'efficacité du traitement par statines et soulignent la nécessité d'une médecine personnalisée dans la gestion des lipides chez les patients ».
Reste qu’il n’y a pas actuellement de stratégie clinique qui tienne compte des variations interindividuelles de la réponse aux statines. « Des outils de décision clinique validés permettant de prédire l’évolution du cholestérol sous statines avec des interventions pour aider les cliniciens à personnaliser et optimiser les traitements sont donc nécessaires ».
Plusieurs caractéristiques du patient, comme le sexe, l’âge, le tabagisme, le poids, le régime alimentaire ou l’activité physique pourraient moduler la réponse des patients aux statines, « mais l’impact de ces facteurs est considéré comme modeste » estiment les auteurs. Le profil génétique et le niveau d’adhérence au traitement semblent en revanche plus déterminants.
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