Dix patients victimes d’un infarctus sévère du myocarde ont été randomisés dans un essai thérapeutique de phase I/IIb pour évaluer les effets d’une thérapie cellulaire basée sur l’injection intramyocardique de cellules souches. Une des particularités de ce traitement qui a pour objectif de régénérer le muscle cardiaque, est d’être réalisée relativement tôt après l’IDM et l’angioplastie (environ 4 semaines après).
Une fraction d’éjection inférieure à 45%
De nombreux critères sont bien sûr indispensables pour inclure des patients dans le protocole de cette étude. Le principal étant une fraction d’éjection inférieure à 45%. « Nous prenons également les précautions nécessaires pour que l’on puisse bien différencier les effets liés à l’angioplastie et ceux liés à notre traitement », explique Philippe Hénon, hématologue, président et directeur scientifique de CellProthera, et interviewé par Le Généraliste.
Le patient est alors randomisé vers le 14ème jour post-IDM : des patients dans le bras de thérapie cellulaire et dans le bras de traitement standard (avec un ratio de patients de 3 pour 1).
Environ 50 millions de cellules souches injectées
Le traitement commence par une première phase préparatoire pendant laquelle des injections de facteurs de croissance durant cinq jours permettent de faire migrer des cellules souches CD34+ de la moelle osseuse vers le sang. 220 à 250 ml de sang sont ensuite prélevés chez le patient pour être adressés dans l’un des centres de thérapie génique participant à l’étude, où les cellules souches seront traitées dans un automate (StemXpand), permettant leur multiplication in vitro. Le greffon ainsi obtenu (baptisé ProtheraCytes), constitué d’environ 50 millions de cellules souches CD34+ est alors injecté dans la paroi du ventricule gauche, via un cathéter. Ainsi, environ un mois après l’angioplastie, le greffon est injecté en intramyocardique, dans la zone lésée (par environ 15 injections).
A noter qu’un essai clinique pilote avait été conduit entre 2002 et 2007 par l’équipe de Philippe Hénon chez des patients victimes d’IDM de mauvais pronostic. « Sur sept patients traités, six sont actuellement en vie avec un recul de 15 ans pour le malade le plus ancien », indique Philippe Hénon. « Une des particularités de cette thérapie est de l’initier relativement tôt après l’IDM et d’introduire les cellules souches dans une région cardiaque qui n’est pas très scléreuse, ni fibreuse (et donc mieux adaptée pour accueillir des cellules souches) », détaille Philippe Hénon. « Les lésions inflammatoires liées à l’infarctus durant les premières semaines, engendrent la libération de chimokines qui favoriseraient l’implantation des cellules souches dans la lésion cardiaque ainsi que leur différenciation. »
Il y a eu d’autres thérapies cellulaires à visée cardiaque
Ce n’est pas la première fois qu’une thérapie cellulaire est pratiquée pour le traitement d’une insuffisance cardiaque. En France, le Pr Philippe Ménasché, chirurgien cardiaque à l’hôpital Européen Pompidou (Paris), avait déjà effectué dès 2000, ce type de thérapie, mais avec une approche différente : en injectant des myoblastes prélevés dans la cuisse du patient. En 2014, une implantation de cardiomyocytes issus de cellules souches embryonnaires avait aussi été réalisée (à la place d’injections, un gel – patch de fibrine contenant les cellules souches embryonnaires – avait été déposé sur la zone de l’IDM).
Actuellement sept centres d’investigation clinique (à Toulouse, Bordeaux, Grenoble, Massy-Palaiseau et Montpellier), et deux autres en Grande-Bretagne participent à cet essai thérapeutique I/IIb qui prévoit au total le recrutement de 44 patients français et britanniques. « Nous sommes sur le point de travailler avec d’autres services pour pourvoir faciliter l'inclusion de patients dans notre protocole », explique Philippe Hénon.
CellProthera, société spécialisée en biotechnologie médicale, est basée à Mulhouse.
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