Et de trois ! Après le cancer du sein et celui du côlon, le cancer du col de l’utérus entre à son tour dans le champ du dépistage organisé (DO). Comme inscrit dans le plan cancer 2014-2019, Agnès Buzyn a en effet annoncé mi-mai la généralisation à l’ensemble du territoire de ce DO.
L’objectif affiché est de « réduire l’incidence et le nombre de décès de 30 % à 10 ans, en atteignant 80 % de couverture dans la population cible et en rendant le dépistage plus facilement accessible aux populations vulnérables et/ou les plus éloignées du système de santé », précise l’arrêté relatif à l’organisation de ce dépistage.
Contrairement aux deux autres programmes déjà mis en place, qui s’adressent à l’ensemble de la population cible, celui proposé pour le cancer du col se concentrera essentiellement sur les femmes qui échappent au dépistage. En effet, seules celles n’ayant pas réalisé de frottis dans les trois dernières années seront incitées à le faire, via un courrier les invitant à consulter leur médecin traitant, gynécologue, ou sage-femme. Outre ce système d’invitation/relance dédié, ces femmes bénéficieront d’une prise en charge à 100 % de leur frottis, sous réserve que le préleveur le renseigne en envoyant le prélèvement au laboratoire.
Pour toutes les autres femmes éligibles aux dépistages, la prise en charge financière reste inchangée et « la proposition de réalisation de frottis par les médecins et les professionnels de santé assurant le suivi gynécologique de la femme (gynécologues, médecins généralistes, sages-femmes) reste le principal mode d’entrée dans le dépistage », précise l’arrêté.
Un système à deux vitesses qui peut surprendre, alors qu’Agnès Buzyn s’était fait fort de lutter contre toutes les inégalités de santé ! « En France, on avait la chance d’avoir un dépistage qui fonctionnait déjà plutôt bien, avec près de 60 % des femmes concernées qui réalisaient déjà un frottis de façon régulière. L’idée n’était donc pas de casser l’existant, mais plutôt de l’améliorer en favorisant le rattrapage », justifie Stéphanie Barré, responsable de projet à l’Inca. La mise en place du dépistage organisé devrait par ailleurs bénéficier à l’ensemble des femmes. Avec notamment un effort pour éviter le surdépistage. Dans cette optique, « les recommandations d’un intervalle de réalisation des frottis tous les trois ans seront rappelées afin de réduire la fréquence des dépistages plus fréquents », précise l’arrêté. Grâce à une démarche qualité dédiée, ce programme devrait aussi permettre de s’assurer de la bonne prise en charge de toute patiente en cas de frottis anormal.
Pas de coup de pouce pour les généralistes
Si le programme de dépistage organisé fonctionne comme attendu, les généralistes devraient être de plus en plus sollicités pour la réalisation de frottis.
Bénéficieront-ils pour autant de mesures d’incitation supplémentaire ? Rien de nouveau n’est annoncé dans ce sens. Depuis 2016, les généralistes peuvent coter le frottis proprement dit, en sus de la consultation, à 12,46 euros pour des praticiens de secteur 1 ou ayant signé un contrat de modération tarifaire et 9,64 euros pour le secteur 2. Le dépistage du cancer du col fait aussi partie des indicateurs de la rémunération sur objectifs de santé publique.
Sur le plan “logistique”, le programme ne prévoit pas non plus de mesure spécifique pour faciliter par exemple la mise à disposition du matériel de prélèvement, comme l’Assurance maladie le fait pour les streptotests ou les appareils d’automesure. Ce sont en fait les professionnels assurant l’analyse et l’interprétation du test de dépistage qui se chargeront d’organiser le transport des prélèvements cervico-utérins entre le préleveur et la structure procédant à l’analyse. « Le nouveau tarif de l’examen comprend justement les coûts liés au transport et la mise à disposition du matériel auprès des médecins qui effectuent les frottis », précise la Cnam.
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