Les jeunes adultes ayant souffert d’asthme durant leur enfance auraient un risque plus élevé de présenter une hypertrophie ventriculaire gauche plus tard dans leur vie. C’est du moins ce que suggère une étude prospective dirigée par des chercheurs de l’université Tulane à la Nouvelle Orléans et publiée dans le JACC : Heart failure.
Une association plus marquée chez les hypertendus
Les scientifiques ont examiné les données de 1 118 patients qui avaient été interrogés sur leurs antécédents d’asthme via un questionnaire. Après 10 ans de suivi en moyenne, il s’est avéré que les individus ayant été asthmatiques durant l’enfance présentaient une masse ventriculaire plus importante par rapport aux autres (169 g contre 157,5 g). De même, l’index de masse ventriculaire gauche était également plus élevé dans cette population. Ces résultats restaient significatifs même après avoir pris en compte les facteurs de risques cardiovasculaires connus comme l'âge, le tabagisme, l'IMC ou la prise d'antihypertenseurs. Le lien entre un diagnostic d’asthme durant l’enfance et l’index de masse ventriculaire gauche était d’autant plus fort chez les personnes pré-hypertendues ou hypertendues.
Ces données vont dans le même que des études observationnelles antérieures qui avaient suggéré une augmentation du risque de pathologies cardiovasculaires chez les individus asthmatiques. Par exemple, une analyse prospective d’une cohorte de 203 595 participants avait trouvé un lien entre l’asthme et un surrisque de 40 % de maladies coronariennes, de 20 % d’AVC et de 11 % d’insuffisance cardiaque (Iribarren C, American Journal of Epidemiology, 2012). Cependant, cette étude est la première à mettre en évidence un lien entre l'asthme et l'augmentation de la masse ventriculaire gauche.
Bien que les mécanismes pouvant expliquer cette association restent méconnus, plusieurs hypothèses sont possibles. Il a été envisagé qu’un phénomène d’inflammation systémique chez les sujets asthmatiques puisse affecter le myocarde. Le déclin de la fonction pulmonaire chez les patients a également été mis en cause tout comme les médicaments indiqués dans l’asthme (corticostéroïdes oraux).
Une piste à creuser
Pour le Dr Lu Qi, de l’université Tulane qui a dirigé ces travaux « les résultats suggèrent que des modifications du mode de vie voire un traitement pharmacologique pourrait être envisagé chez des personnes ayant des antécédents d’asthme, en particulier chez celles souffrant d’hypertension, afin de réduire les risques cardiovasculaires ».
Dans un commentaire associé à l’étude, le Pr John Gottdiener, de l’école de médecine de l’université du Maryland, tempère le propos. Il souligne le fait que ces travaux soulèvent plusieurs questions. D’après lui, il faudra poursuivre les recherches pour « déterminer avec précision cette association entre l’asthme et l’insuffisance cardiaque, l’AVC ou l’infarctus du myocarde ». Il sera particulièrement important de savoir si l’impact est différent en fonction de la sévérité de la pathologie. « La détermination de mécanismes pathophysiologiques potentiels aidera à mettre en place des interventions de prévention efficaces qui seront validées par des essais cliniques ».
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