La première méta-analyse, publiée dans le Lancet, de par son ampleur et son recul sur l’impact de la vaccination contre le papillomavirus humain, démontre bien qu’au-delà de réduire l’infection HPV et les condylomes, elle diminue également la survenue de lésions précancéreuses CIN2+.
60 millions de personnes dans 14 pays développés, 65 études dont 47 publiées entre 2014 et 2018, avec un recul allant jusqu’à 8 ans… une nouvelle méta-analyse* parue le 26 juin 2019 dans le Lancet confirme l’intérêt de la vaccination anti-HPV : « Cette publication est un élément supplémentaire en faveur de l’effet protecteur du vaccin anti-HPV, commente le Pr Daniel Floret, membre de la commission technique des vaccinations (CTV, HAS). A la fois contre l’infection HPV, les condylomes mais aussi, et c’est la nouveauté, les lésions précancéreuses ».
Jusqu’à 8 ans de recul avec la vaccination anti-HPV
Une précédente méta-analyse réalisée par les mêmes auteurs en 2015 montrait déjà une baisse substantielle de l’infection par les souches HPV 16 et 18 (principalement incluses dans les vaccins et responsables de 70 % des cancers cervico-utérins), des condylomes. Dans cette publication de 2019, globalement, 5 à 8 ans après la vaccination (les programmes de vaccination ont été introduits dès 2007 dans certains pays), les auteurs ont observé une baisse de 83 % de l’infection par les souches 16 et 18 chez les filles de 13 à 19 ans (- 66 % chez les femmes de 20 à 24 ans) et une réduction de 67 % des diagnostics de verrues anogénitales chez les filles de 15 à 19 ans (- 54 % chez les femmes de 20 à 24 ans, - 31 % chez les femmes de 25 à 29 ans, -48 % chez les garçons de 15 à 19 ans, - 32 % chez les hommes de 20 à 24 ans).
Dans la précédente méta-analyse de 2015, il était encore trop tôt pour mesurer les effets de la vaccination sur la survenue de lésions CIN2+ (cervical intraepithelial neoplasia grade 2+). Cette fois-ci, les chiffres sont disponibles, avec une baisse des CIN2+ de 51 % chez les filles de 15 à 19 ans et de 31 % chez les femmes de 20 à 24 ans.
Enfin, « comme il se passe 15 à 20 ans entre l’infection et le développement du cancer du col, ajoute Daniel Floret, il faudra encore patienter pour constater une baisse de la survenue de ces cancers. »
Deux conditions : larges tranches d’âge et taux de couverture élevé
Pour le Dr Ken Haguenoer du Centre de Coordination des Dépistages des Cancers (Tours), « cette seconde méta-analyse de 2019 apporte des preuves en vie réelle de l’intérêt de vacciner contre le HPV mais elle souligne les deux conditions pour obtenir un effet positif sur les condylomes et les lésions précancéreuses : cibler une large tranche d’âge à vacciner et obtenir un taux de couverture élevé, ce qui n’est pas le cas en France. Souvent prise en exemple, l’Australie atteint des taux de couverture 85 % chez les filles. En France, les années passent et la couverture vaccinale ne dépasse pas 25 %. »
Ces résultats cautionnent les recommandations 2016 de l’OMS de vacciner plusieurs groupes d’âges plutôt qu’une seule cohorte, en l’occurrence les filles de 9 à 14 ans. En France, la cible en matière d’âge est 11-14 ans, chez les filles uniquement. Mais le paysage vaccinal change, avec des vaccins contenant d’autres souches que les 16 et 18 (6, 11, 31, 33, 45, 52 et 58), protégeant ainsi en théorie contre 90 % des cancers du col cervico-utérin. Par ailleurs, plusieurs pays se sont mis à vacciner les garçons. Ce point est d’ailleurs à l’étude par le CTV français dont l’avis devrait être rendu en fin d’année. « Nous ne possédons pas de données sur les cancers ORL dus aux HPV, regrette Daniel Floret. Or, si l’on ne tient pas compte de ces cancers, l’intérêt de vacciner les garçons est discutable (les cancers du canal anal et du pénis restent rares), en dehors de limiter la circulation virale, un effet qui peut être atteint avec un taux élevé de couverture vaccinale de 85-90% chez les filles. »
Au moins 115 pays et territoires dans le monde ont inclus la vaccination HPV à ce jour et presque 40 pays en voie de développement devraient les rejoindre d’ici 2021.
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