C’est devenu un réflexe. A chaque fois qu’une question touchant de près ou de loin à la santé fait débat, on lance une vaste concertation, avec enquête nationale, conférence citoyenne et rapporteur prestigieux. Au début du quinquennat, la méthode a été éprouvée pendant près de deux ans autour de la fin de vie. Elle a été réutilisée en octobre concernant le dépistage du cancer du sein. Et la voilà de nouveau consacrée pour la vaccination qui semble rencontrer de plus en plus de réticences dans le grand public. Plateforme web, à partir de mars, jurys citoyens en mai, ces grandes manœuvres devraient s’achever à la fin de l’année par les propositions des experts, l’ensemble étant orchestré de main de maître par Alain Fischer, célèbre professeur d’immunologie pédiatrique et « père » des « bébés bulles ».
En lançant le processus, Marisol Touraine espère remobiliser l’opinion -alors que la couverture vaccinale se dégrade en France - tout en se laissant le temps de prendre une décision sur un sujet sensible. Avantage de la démocratie participative : la pédagogie. En donnant la parole à Monsieur-tout-le-monde comme aux grands pontes, la méthode fait office de catharsis collective. Après tout, quand le doute s’immisce, rien ne vaut le verdict d’un jury populaire pour convenir que, tout bien pesé, la balance penche pour le vaccin en terme de bénéfice risque… Mais la formule a aussi ses inconvénients, car elle est chronophage et risque de donner l’impression d’une démission des autorités qui peut paraître en porte à faux avec la vérité scientifique…
Ces atermoiements étonnent d’autant plus que la ministre disposait d’une exceptionnelle fenêtre de tir pour imposer des mesures fortes : suspicions de SEP levées sur la vaccination anti-HPV, probable non-lieu pour les vaccins contre l’hépatite B, époux Larère condamnés pour refus de faire vacciner leur enfant… Alors pourquoi hésiter avec un tel « boulevard » ? Il faut croire que la déroute de Roselyne Bachelot qui avait pris fait et cause pour la vaccination générale contre la grippe H1N1 est restée vive dans la mémoire des cabinets ministériels. Et comme la levée de l’obligation vaccinale – recommandée en filigrane par le Haut Conseil de Santé publique en 2014 – impose le vote d’une loi, on comprend la prudence de la ministre. Après la polémique sur la loi Santé, nul doute qu’elle aura besoin de l’appui le plus large pour éviter toute critique avant de se lancer dans une réforme qui prendrait le contre-pied de l’hygiénisme autoritaire des années 50.
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