Organiser sa propre mort non pas en se pendant ou en se tirant une balle dans la tête à cause du mal de vivre mais en Suisse dans une clinique spécialisée dans le suicide assisté. C'est le choix que vient de faire un ingénieur italien âgé de 62 ans souffrant de dépression. La justice italienne a ouvert une enquête.
Atteint d'une forme grave de dépression, l'homme originaire d'Albaville, une commune située dans le nord de l'Italie à côté de Côme, était régulièrement suivi par un spécialiste. Dans une lettre adressée aux services sociaux municipaux, l'homme a expliqué sa situation et son choix afin de justifier la présence à ses côtés de l'ami qui l'a accompagné jusqu'à la frontière italo-suisse. Selon la loi, cet accompagnateur pourrait effectivement être jugé pour incitation au suicide. En juillet dernier, un membre du parti radical italien a d'ailleurs été renvoyé devant les tribunaux pour avoir accompagné en Suisse un Italien devenu aveugle et tétraplégique suite à un grave accident de la route. Selon la législation transalpine, il risque entre cinq et douze ans de prison pour incitation au suicide. Le procès doit commencer à Milan d'ici à la fin de l'année.
Enquête pour incitation au suicide
En ce qui concerne la mort de l'ingénieur, une enquête pour incitation au suicide a été ouverte par le parquet de Côme qui a également déposé une plainte contre X. Un acte inévitable d'un point de vue juridique, le certificat de décès signé par un praticien suisse après le décès mentionnant des « causes non naturelles ». Le magistrat en charge du dossier a décidé d'envoyer une commission rogatoire afin d'obtenir le dossier médical rédigé par les médecins de l'établissement suisse. L'idée est de comprendre les conditions dans lesquelles est mort l'ingénieur. En clair, si la loi suisse a bien été respectée. Selon l'article 115 du code pénal helvétique, toute personne ayant « incité quelqu'un au suicide pour des raisons égoïstes ou l'ayant aidé dans une tentative de suicide est passible d'une peine de prison de 5 ans maximum ou d'une amende ». En revanche, aucune peine est prévue si « la personne qui souhaite mourir prend ou exprime librement la décision de se suicider et si cette décision est pondérée et constante ». En Suisse, le coût du suicide assisté est environ de 10 000 euros, une somme incluant les examens, le protocole médical prescrit par un praticien et la dose létale remise au patient qui doit l'ingérer sans aucune aide.
150 Italiens ont déjà bénéficié du protocole suisse
Cette nouvelle affaire relance la discussion sur la fin de vie. Selon les associations qui défendent le droit à mourir, 150 Italiens ont bénéficié du protocole appliqué en Suisse, la loi italienne interdisant l'euthanasie et le suicide assisté. Au printemps dernier, le Parlement a approuvé le dispositif sur le testament biologique mais la discussion au Sénat est toujours en cours, trois mille amendements ayant été déposés par les différents partis politiques. La reprise des débats est prévue courant septembre.
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