Député au parlement luxembourgeois, Jean Huss est l’un des deux auteurs de la « loi sur l’euthanasie et le suicide assisté », votée en 2009 par 31 voix contre 29, « après des débats qui furent les plus intenses de l’histoire du Grand-Duché depuis la guerre ».
Inspirée des lois néerlandaise et belge datant de 2001 et 2002, mais plus restrictives que celles-ci, cette loi permet à tout patient atteint d’une maladie incurable de demander, selon un protocole très strict, à un médecin de lui prescrire et de lui injecter un produit létal qui lui permettra de « partir » chez lui, entouré des siens.
En moyenne, 7 à 8 personnes par an, dans ce pays de 550 000 habitants, ont recours à la loi pour mettre fin à leur existence. Généraliste à Esch-sur-Alzette, le Dr Maryse Flammang a déjà effectué deux fois un tel acte : « Ce sont des patients que je connaissais bien qui me l’ont demandé à plusieurs reprises, et la décision reste très difficile pour le médecin », a-t-elle témoigné lors de la rencontre. Les contrôles, par une commission spécialisée, s’effectuent non seulement avant l’acte d’euthanasie, mais aussi après.
Selon Jean Huss, « les détracteurs de la loi ont commencé par nous traiter d’assassins, mais on constate aujourd’hui que le nombre de cas reste faible… et que celui des suicides de malades a nettement régressé, alors qu’il est très élevé en France et en Allemagne ». Parfois, ajoute-t-il, les patients qui demandent l’euthanasie le font parce qu’ils ne souhaitent pas bénéficier de traitements palliatifs ou même de sédation profonde et continue, pourtant facilement disponibles dans le pays. Pour lui, il ne s’agit pas tant de mettre fin à une vie qu’à choisir librement sa manière de partir : « Ce sont souvent des intellectuels qui demandent l’euthanasie, et qui ont eu le temps de penser à leur fin depuis longtemps », précise-t-il.
Enjeux de la loi française
En France, la future loi « Léonetti 2 » aura la lourde tâche de remplacer la loi actuelle, mal connue et trop mal appliquée. En l’absence des députés Léonetti et Claeys, retenus à Versailles, les Dr Patrick Bouet et Gilles Munier, respectivement président national et conseiller régional pour la Lorraine de l’Ordre des médecins, ont rappelé les enjeux du nouveau texte. Pour le Dr Bouet, la sédation profonde et continue soulagera le malade sans provoquer la mort, dans le respect de la déontologie et de la loi. Un point de vue soutenu par les autres intervenants français du débat, inquiets du risque de « dérive » contenu, à leurs yeux, dans la loi luxembourgeoise. Par ailleurs, le Dr Flammang a rappelé que cette loi « exclut toute forme de tourisme médical » et qu’il est donc impossible à un frontalier d’aller « se faire euthanasier » au Luxembourg aussi facilement qu’il vient y faire le plein ou acheter ses cigarettes. Si la loi luxembourgeoise correspond, selon ses auteurs, au respect d’un choix de vie, elle ne répond pas pour autant à toutes les situations, puisque les directives anticipées et le consentement éclairé du malade priment sur toute décision : en d’autres termes, des cas comme celui de Vincent Lambert restent aussi insolubles du côté sud que du côté nord de la frontière. Enfin, quel que soit le pays, les divergences de vues perdureront, concluait le Dr Munier, parce que « chaque personne a sa propre conception de la fin de vie, et qu’une loi ne pourra jamais régler cette question ».
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