L’étude JPPP (Japanese Primary Prevention Project [1]) a eu pour objectif d’évaluer en ouvert si l’aspirine à 100 mg/j, peut diminuer le risque d’événements cardiovasculaires (CV) majeurs (décès CV, AVC non fatals et IDM non fatals) chez des patients âgés de 60 à 85 ans.
Cette étude a été conduite au Japon chez des patients qui ne devaient pas avoir de maladie CV, et avoir au moins un des facteurs de risque suivants : hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète.
Un résultat concordant avec les données acquises
L’étude JPPP a été arrêtée avant son terme pour futilité, puisqu’à 5,02 ans et au terme de la survenue de 400 événements du critère primaire, il a été estimé qu’il ne serait pas possible de mettre en évidence une différence entre les groupes.
Ainsi, chez les 14 658 patients randomisés il n’y a eu aucune modification des événements du critère primaire (HR : 0,94 ; IC 95 % : 0,77–1,15 ; p = 0,544) et ce résultat a été homogène selon les différents sous-groupes prédéfinis, notamment chez les hommes et les femmes et qu’il y ait ou non un diabète.
S’il a été observé un moindre taux d’IDM non fatals chez les patients sous aspirine (HR : 0,53 ; IC95 % : 0,31-0,91), il n’y a pas eu de différence en termes de mortalité CV (HR : 1,03 ; IC 95 % : 0,71-1,48) et de mortalité totale (HR : 0,99 ; IC 95 % : 0,85-1,17). En revanche, il y a eu une incidence plus élevée des hémorragies graves non intracrâniennes (HR : 1,85 ; IC 95 % : 1,22-2,81), notamment digestives chez les patients sous aspirine.
L’aspirine a déjà été évaluée en prévention cardiovasculaire primaire dans au moins 9 études ayant enrôlé plus de 90 000 patients. Ces études ont fait l’objet de plusieurs méta-analyses prenant en compte les éventuels effets cliniques bénéfiques, les risques hémorragiques et donc le bénéfice clinique net. Les résultats de ces travaux sont concordants : il n’y a pas de bénéfice clinique net de l’aspirine en prévention primaire, y compris chez le diabétique, y compris chez le sujet à risque CV élevé. Par ailleurs, ces études ont montré un effet particulier de l’aspirine : chez les hommes, elle pourrait réduire le risque d’infarctus du myocarde mais pas celui d’AVC, chez les femmes, elle pourrait réduire le risque d’AVC mais pas d’infarctus du myocarde.
L’étude JPPP a donc des résultats concordants avec ceux jusqu’ici disponibles et en étend les conclusions aux patients âgés : l’aspirine n’a pas un rapport bénéfice risque favorable en prévention primaire et ne devrait pas être proposée chez des patients n’ayant pas eu d’événements cardiovasculaires.
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