Le président du LEEM (Les Entreprises du Médicament) vient de quitter la tête du syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique. Dans un entretien au « Quotidien », il dresse le bilan de ses trois mandats.
LE QUOTIDIEN - Vous quittez le LEEM après 6 ans passés à sa tête. En quoi le LEEM que vous laissez est-il différent de celui que vous avez trouvé ?
CHRISTIAN LAJOUX - Il m’est difficile de répondre à votre question car j’ai vécu le LEEM au quotidien, et c’est plutôt de l’extérieur que ces changements se voient. Je pense que le LEEM est aujourd’hui un interlocuteur reconnu comme une force de propositions. Pendant ces six années de mandat, je me suis efforcé de ne pas geindre, de ne pas me plaindre, et d’être en permanence en situation de proposition auprès des autorités de santé, à partir d’études documentées. Ce qui a changé aussi, c’est le nombre d’études que nous avons réalisées ces dernières années, et qui nous ont permis d’anticiper sur les situations.
Vous vous êtes opposés parfois fermement aux économies, aux critiques contre les laboratoires...
J’ai parfois exprimé des désaccords, mais toujours assortis de propositions. À la tête du LEEM, j’ai géré deux crises, celle de la grippe H1N1 et celle du Mediator. Et dans les deux cas, nous avons formulé collectivement des propositions. Je me suis opposé à certaines dispositions des PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale] et aux critiques injustes formulées à l’égard de notre profession. Mais je me suis toujours inscrit dans une démarche de dialogue. J’en veux pour preuve les trois conseils stratégiques des industries de santé (CSIS), que j’ai dû tenir à bout de bras, et parfois contre la volonté de certains administrateurs du LEEM. J’en veux aussi pour preuve l’accord-cadre (qui régit les relations entre l’industrie pharmaceutique et les pouvoirs publics) qui n’a cessé de s’adapter à notre environnement.
Quel est votre principal regret, quel est votre principal motif de satisfaction ?
Mon regret est de ne pas avoir su consacrer suffisamment de temps aux professionnels de santé, médecins et pharmaciens. Mes relations ont toujours été excellentes avec ces deux professions, mais j’aurais aimé pouvoir échanger davantage avec eux, et m’inscrire davantage dans une démarche de synergie.
À l’inverse, ma principale satisfaction aura été de maintenir l’unité du LEEM malgré ces deux crises. Je pense que le LEEM est aujourd’hui unifié, pacifié, et représente l’ensemble des profils des entreprises qui le composent.
Vous attirez depuis des années l’attention des pouvoirs publics sur la dégradation de la situation économique de l’industrie pharmaceutique. Continuez-vous à être inquiet pour son avenir ?
Je suis soucieux parce que nous assistons à un véritable changement de business-model. Il est donc extrêmement important que notre secteur prenne la mesure des enjeux auxquels il est confronté. À savoir la croissance, ou plutôt la décroissance du marché, l’accès au marché, la mutation de la production industrielle, et la nécessité de redynamiser une recherche pour qu’elle produise de l’innovation de rupture.
Hervé Gisserot vient de vous succéder à la tête du LEEM. Auriez-vous un conseil à lui donner ?
Je me suis réjoui de la campagne des deux candidats qui a été mature et de bonne tenue, mais je me garderai, tout au moins publiquement, de donner un conseil à mon successeur. Je reste néanmoins à sa disposition pour toute aide qu’il souhaiterait de ma part, si toutefois il en souhaite. Mais je ne m’inscris pas en modèle, et ne suis pas propriétaire de la présidence du LEEM.
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