Deux vaccins contre les infections à papillomavirus humain (HPV) sont disponibles depuis 2006. Le vaccin quadrivalent Gardasil (Sanofi Pasteur MSD) est dirigé contre les HPV à haut risque 16 et 18, responsables de plus de 70 % des cancers du col dans les pays occidentaux, et contre les HPV à bas risque 6 et 11. Il protège donc à la fois du cancer du col de l’utérus et des condylomes. Le vaccin bivalent Cervarix (GlaxoSmithKline) est dirigé uniquement contre les HPV oncogènes à haut risque 16 et 18. Un vaccin nonavalent (5 génotypes viraux oncogènes supplémentaires) est en cours de développement afin de prévenir la quasi-totalité des cancers utérins. Les vaccins induisent une immunité humorale stable et durable, avec près de 10 ans de recul.
Depuis 2013, le ministère des Affaires sociales et de la Santé, selon l’avis du Haut Conseil de la santé publique, recommande la vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus dès l’âge de 11 ans avec rattrapage vaccinal jusqu’à 19 ans révolus. Deux injections (M0 et M6) sont nécessaires avant l’âge de 13 ans et 3 ensuite.
80 millions de doses dans le monde
Depuis l’introduction de la vaccination anti-HPV en 2007, plus de 80 millions de doses ont été injectées dans le monde. La tolérance des vaccins à court et moyen terme est très satisfaisante. Les effets indésirables sont fréquents sur le site d’injection (› 80 %) et peuvent s’accompagner d’effets systémiques transitoires (fièvre) dans 20 à 30 % des cas. Ils sont de faible intensité et n’ont quasiment pas d’influence sur le déroulement du protocole vaccinal. La fréquence de survenue d’effets indésirables sévères n’est pas influencée par la vaccination. Aucun décès n’a été attribué à la vaccination anti-HPV.
En septembre 2015, l’ANSM a publié les résultats d’une étude prospective (1) sur une cohorte de plus de 2 millions de jeunes filles âgées de 13 à 16 ans, suivies de 2008 à 2013 : il n’a pas été mis en évidence d’augmentation globale du risque de survenue d’une maladie auto-immune (MAI) chez celles qui ont reçu au moins une dose de vaccin anti-HPV comparativement aux non vaccinées. Parmi les 14 MAI étudiées, une association significative avec la vaccination anti-HPV a été mise en évidence pour le syndrome de Guillain Barré (SGB). Ainsi, en faisant l’hypothèse (non établie) que cette association est bien de nature causale, le nombre de cas de SGB attribuables à la vaccination serait de l’ordre de 1 à 2 cas pour 100 000 jeunes filles vaccinées. Le rapport bénéfice risque favorable pour la vaccination anti-HPV a donc été confirmé. Ces conclusions concordent avec le précédent avis du Haut Conseil de la santé publique publié le 21 octobre 2011. À noter que le Parquet de Paris a récemment considéré qu’il n’y avait pas de lien direct entre le Gardasil et les pathologies du système nerveux dénoncées par plusieurs patientes. L’enquête a été classée sans suite le 26 octobre 2015.
Quel impact de la vaccination ?
L’efficacité vaccinale des 2 vaccins Cervarix et Gardasil est proche de 100 % pour la prévention des dysplasies et cancers cervicaux, et pour la prévention des verrues génitales (Gardasil). Plus de 110 pays recommandent cette vaccination. Dans les pays où la couverture vaccinale chez les jeunes filles est de plus de 70 %, plusieurs études observationnelles ont montré une quasi-disparition des verrues génitales chez les femmes vaccinées. Une diminution quasi-complète des condylomes était également constatée chez les hommes hétérosexuels de moins de 21 ans non vaccinés témoignant d’une diminution du réservoir viral chez leurs partenaires. Si l’impact réel de la vaccination sur le cancer du col utérin n’est pas encore connu, une étude récente a déjà montré une diminution de 38 % de la prévalence des dysplasies cervicales de haut grade chez les jeunes femmes vaccinées. Enfin, l’impact de cette vaccination reste sous-estimé puisque la grande majorité des cancers de l’anus et environ 30 % des cancers de l’oropharynx et des organes génitaux externes seront aussi potentiellement prévenus.
Une couverture vaccinale de 38 % chez les filles de 20 ans
En France, au cours des derniers mois, la progression de la vaccination anti-HPV a fortement ralenti en raison d’une controverse médiatique alimentée par les craintes sur les effets secondaires. La couverture vaccinale n’était que de 38 % en 2013 chez les jeunes filles de 20 ans et de 16 % à l’âge de 16 ans, insuffisante pour envisager un impact préventif sur les lésions génitales induites par les HPV.
Les difficultés du message de prophylaxie sont aujourd’hui multiples et complexifient le discours. Cela est lié à l’âge même de la cible peu réceptive à la notion de cancer et de prévention. Ce message intègre aussi des éléments parfois « tabous » pour les parents tels que la sexualité de leurs enfants. Il faut donc poursuivre la promotion de cette vaccination pour que l’impact direct de cette prophylaxie bénéficie au plus grand nombre. Un plan de rénovation de la politique vaccinale a d’ailleurs été lancé le 12 janvier 2016 par la ministre de la Santé afin d’améliorer la couverture vaccinale.
(1) ansm.sante.fr/.../Ansm_Gardasil-Hpv2_Rapport_Septembre-2015.pdf
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