Une étude publiée récemment dans « Pharmacoepidémiology and Drug Safety » a revu à la hausse le nombre de décès attribuable à l’utilisation de médicaments à base de dompéridone pour l’année 2012. Selon les estimations de l’équipe de Catherine Hill, de l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif, et de Bruno Toussaint, de la revue Prescrire, l’antiémétique aurait été responsable de 200 morts subites cardiaques en 2012, et non de 43 à 189 – estimation avancée l’année dernière par l’équipe de « Prescrire ».
Les produits à base de dompéridone, comme le Motilium, sont sous surveillance des autorités sanitaires depuis plus de dix ans. Les premières alertes ont menés à une modification des AMM en 2004 et 2007. En 2011, les autorités ont également informé les professionnels de santé sur de rares risques d’arythmie ventriculaire et de mort subite.
La consommation a diminué de 30% depuis 2012
Contacté par « le Quotidien », l’ANSM a souligné que « suite à cette première alerte, il y a eu une diminution du recours à la dompéridone, de l’ordre de 30 % entre 2012 et 2014 ». En 2012, 3 800 000 personnes se seraient fait délivrer de la dompéridone, contre 3 200 000 en 2013, et 2 600 000 en 2012.
En 2013, une réévaluation du rapport bénéfice/risque de la dompéridone a également été menée au niveau Européen, confirmant l’existence d’effets indésirables graves, comme l’allongement de l’intervalle QT, des torsades de pointes, un arythmie ventriculaire grave, et une mort subite. Le risque serait particulièrement accru chez les patients de plus de 60 ans, chez ceux recevant une dose quotidienne de plus de 30 mg, ou en cas de prise concomitante d’autres médicaments qui allongent l’intervalle QT ou d’inhibiteurs du CYP3A4.
En septembre 2014, les médicaments fortement dosés en dompéridone (20mg) ont été retirés du marché et l’ANSM a fait circuler de nouvelles mesures concernant les indications, les doses et la durée du traitment.
Pas de nouveaux changement en vue
En réaction aux nouvelles données, l’ANSM a fait savoir qu’elle « les porterait à la connaissance de l’Europe, mais qu’il est trop tôt pour dire si elles seront prises en considération ou non, dans la mesure où une partie de ces données avaient déjà été prise en compte dans l’évaluation de 2013 ». Parce que les données de l’équipe de Gustave-Roussy portent sur l’année 2012 – donc avant les recommandations de l’ANSM – « nous avons espoir sur le fait que le bon usage du produit permettra quand même de limiter l’exposition au risque », a expliqué l’Agence.
L’équipe de « Prescrire », pour sa part, milite pour son retrait du marché. « Le danger mortel de la dompéridone est injustifié par son efficacité, symptomatique et incertaine au-delà d’un effet placebo » note la revue sur son site. Face à cela, certains neurologues se sont déjà manifestés pour souligner que la dompéridone est un médicament pour lequel il n’existe aucune alternative pour aider les patients parkinsoniens à supporter leurs agonistes dopaminergiques, d’où le problème en cas d’arrêt de sa commercialisation.
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