Ils sont plus de soixante-dix, venus de tous les pays du monde à l’invitation du laboratoire bioMérieux : microbiologistes, spécialistes en bactériologie, vétérinaires, tous unis dans un même combat : la lutte contre la résistance bactérienne aux antibiotiques.
La 5e édition du World HAI Resistance Forum d’Annecy leur a notamment permis de partager leurs expériences sur la résistance bactérienne, en médecine humaine et vétérinaire. « Il y a désormais davantage de résistances bactériennes et on les identifie mieux, explique Mark Miller, directeur scientifique chez bioMérieux. Avec la complexité de la médecine dans les pays développés - les chimiothérapies, les transplantations, les greffes - la complexité des patients a augmenté. De plus, les avancées médicales sont rapides et les traitements sont plus forts donc l’antibiorésistance augmente. Le type de patient a changé en 10 ans. Actuellement, il est beaucoup plus malade et plus complexe à traiter ».
Hors du circuit hospitalier
Il note que la plupart des antibiotiques ne sont pas utilisés dans les hôpitaux, mais plutôt dans les communautés humaines, hors de tout circuit hospitalier ce qui rend très complexe la surveillance de leurs usages. Cette année, le président américain Barack Obama a d’ailleurs pris conscience du problème et a annoncé le lancement d’un plan national à 5 ans pour combattre ce problème de santé publique. Le 2 juin dernier, bioMérieux a participé au Forum sur l’usage raisonné des antibiotiques organisé à la Maison Blanche. L’objectif était de contribuer à la réflexion sur les mesures à instaurer pour ralentir l’émergence des bactéries résistantes, éviter leur transmission et préserver l’efficacité des antibiotiques. « C’est naturel pour nous de nous impliquer dans la lutte contre résistance bactérienne, explique Mark Miller. Nous sommes conscients de la progression de la résistance mondiale, puisque c’est avec nos tests que nous l’identifions ».
Dans ce combat, il ne faut d’ailleurs pas négliger la médecine vétérinaire. « L’utilisation animale dépasse l’utilisation humaine, rappelle Mark Miller. On traite les poulets avec des antibiotiques semblables à ceux utilisés chez les humains. Ils sont alors colonisés par des bactéries résistantes, ce qui est catastrophique pour la médecine humaine et nous prive de médicaments de dernier recours ». Néanmoins, les résistances bactériennes peuvent être réversibles, pour peu qu’on arrête les traitements antibiotiques. « Chez les humains, une expérience dans les pays nordiques a montré que si on arrête une classe d’antibiotiques comme l’érythromycine, la résistance peut disparaître, mais dans un délai assez long (cinq ans dans le cas de cette étude) », relève encore Mark Miller. L’éducation, la formation, la sensibilisation voire le lobbying sont les clefs essentielles à la mobilisation. « Il faut des initiatives développées au niveau mondial et adaptées localement », souligne-t-il. Le forum a constitué une opportunité « de mettre ensemble les experts et les leaders pour arriver à des projets concrets pour atteindre ces objectifs ». À l’issue du colloque, les experts d’ailleurs ont voté pour la mise en place d’outils de formation, facilement accessibles et adaptés aux utilisateurs, un projet qui sera soutenu par le laboratoire bioMérieux.
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