Moins de 2 % des Français ont déjà acheté un médicament à prescription facultative sur le site de vente en ligne d’une pharmacie, selon les résultats d’une enquête menée par les étudiants du master Marketing de la Santé de l’Université parisienne Pierre-et-Marie-Curie.
Pire, seuls 17 % d’entre eux envisagent à l’avenir d’acheter des médicaments par ce canal. La légalisation de la vente en ligne, depuis janvier 2013, n’entraîne donc pas un afflux de patients sur ces sites qui sont aujourd’hui au nombre de 129, mais dont 25 % ne fonctionnent pas, notent aussi les auteurs.
Paradoxe, l’enquête, menée auprès de 772 Français, met aussi en évidence que les sondés les plus favorables à cette possibilité sont des hommes quadragénaires, CSP +, vivant en milieu rural et achetant déjà régulièrement en ligne. Or, notent les auteurs de l’étude, « ce profil n’est pas intéressé par la santé et consomme très peu de médicaments. Il est juste favorable à la vente en ligne pour le principe, ce qui n’en fait pas la clé du développement » de ce nouveau vecteur.
La méfiance semble de mise. 27,5 % des sondés jugent impossible de vérifier qu’un site est légal, et 54 % ne s’estiment pas du tout informés sur la possibilité d’acheter un médicament sur la toile. Pour être rassurés, ils souhaiteraient que figurent sur le site un logo des autorités de santé attestant sa légalité, ainsi que les coordonnées de la pharmacie physique et le nom du titulaire.
Le risque de la contrefaçon
Interrogés sur les avantages de ce mode d’achat, les sondés citent l’absence de déplacement, des prix plus bas et le gain de temps. Mais ils sont plus bavards sur les inconvénients, mettant en avant le risque de se faire délivrer une contrefaçon, regrettant l’absence de conseil du pharmacien et les délais de livraison. Les sondés citent également la difficulté du choix d’un médicament sur Internet, et la complexité d’un paiement en ligne.
L’enquête met aussi en évidence que beaucoup de sites de vente actifs ne sont pas tous « en adéquation avec la réglementation ». Plus de 70 % d’entre eux ne mettent pas à disposition des patients la notice des médicaments.
Les pharmaciens qui ont monté un site de vente en ligne sont perçus par les sondés comme « des commerçants souhaitant augmenter leur chiffre d’affaires », mais aussi comme des pharmaciens « modernes ».
En conclusion, les auteurs de l’étude jugent que « l’avenir ne semble pas aisé pour la vente en ligne ». Ils rappellent cependant qu’en Allemagne, où cette possibilité existe depuis douze ans, 7 % du total des ventes de médicaments sans prescription se font par ce canal.
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
Dès 60 ans, la perte de l’odorat est associée à une hausse de la mortalité
Troubles du neurodéveloppement : les outils diagnostiques à intégrer en pratique
Santé mentale des jeunes : du mieux pour le repérage mais de nouveaux facteurs de risque