Le comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) réuni par l'ANSM afin d'évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France a tranché : « Il est pertinent d'autoriser l'usage du cannabis à visée thérapeutique pour les patients dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d'une mauvaise tolérance des thérapeutiques, médicamenteuses ou non, accessibles », peut-on lire dans un communiqué diffusé aujourd'hui par l'agence.
Le comité souhaite qu'un suivi des patients traités soit mis en place sous forme d'un registre national pour assurer une évaluation de son bénéfice/risque, et qu'une évaluation des évènements indésirables soit régulièrement faite par les réseaux de pharmacovigilance et d'addictovigilance. Ils insistent en outre sur l'importance de la recherche dans ce domaine. En revanche, les experts ont exclu la voie d'administration fumée pour le cannabis à visée thérapeutique, lui préférant les formes transmuqueuses, inhalées ou orales. Un avis plus détaillé sur les différentes voies d'administration possibles sera prochainement rendu par le même comité d'experts.
Un large consensus lors des auditions
Ce comité s'est réuni à 3 reprises. En novembre dernier, le cannabis thérapeutique avait bénéficié d'un assez large consensus en sa faveur lors des auditions de professionnels de santé et de patients.
L'ANSM affirme avoir pris connaissance de ces conclusions. Elle décidera « dans les prochains jours des suites à donner à ces travaux, notamment sur les modalités éventuelles de la mise à disposition du cannabis à visée thérapeutique en France ». Cet avis est une des étapes de l'évaluation du cannabis thérapeutique ordonnée par la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn.
Le CSST estime que des spécialités à base de cannabis ou de cannabinoïdes peuvent être employées en complément ou en remplacement de certaines thérapeutiques dans les indications suivantes : douleurs réfractaires, certaines formes d'épilepsie sévère et pharmacorésistante, soins de support en oncologie, situations palliatives et spasticité douloureuse de la sclérose en plaques.
« Il y a un niveau de preuve faible à modérer sur l'efficacité de la plante dans son ensemble dans des pathologies douloureuses, explique au « Quotidien » le Pr Nicolas Authier, du service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand et directeur du CSST. Il n'y a pas d'étude comparative, donc il ne faut pas positionner le cannabis comme un traitement de première ligne. »
Une utilisation encore embryonnaire en France
Le THC synthétique (dronabinol) est commercialisé sous le nom de Marinol en France, mais sa prescription est soumise à une autorisation temporaire d'utilisation nominative à laquelle quelques centaines de patients seulement ont été inscrites en une vingtaine d'années. Le CBD, quant à lui, est présent à côté du THC dans le Sativex, un spray destiné à soulager des malades atteints de sclérose en plaque. S'il dispose d'une AMM depuis 2013, il n'est en pratique pas disponible, faut d'un accord sur le prix.
Pour le Pr Authier, le cannabis thérapeutique ne doit pas être proposé sous la forme d'un médicament : « cela impliquerait des demandes d'AMM, et des études de phase 3 par des laboratoires pharmaceutiques, explique-t-il. Il faut que l'on aille plus vite que cela ! Estime-t-il. On doit pouvoir les proposer sous la forme de préparations magistrales, ce qui pose les questions de la prise en charge, de la prescription et de la délivrance. Ce sont des questions sur lesquels notre comité va se pencher si nous recevons un mandat pour cela. »
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