Ma lettre fait écho au courrier du Dr Bernard Labbé paru dans « le Quotidien » n° 9543 sous le titre « Mediator : les médias ont tort ». Enfin quelque chose de sensé écrit à propos de l’affaire du Mediator, considéré depuis sa révélation comme un « scandale », alors qu’il s’agit simplement de l’histoire d’un effet indésirable grave doublé d’un énorme mensonge.
Effet indésirable grave certes puisqu’il a conduit à une valvulopathie sévère puis au décès d’au moins une patiente. Mais combien d’autres patients ont été dûment répertoriés ? Une dizaine, dont 3 décès si mes souvenirs sont exacts ? « On estime à 500 à 2000 morts les victimes présumées du Mediator », a-t-on pu lire par la suite. En effet, cela a été une estimation statistique (fondée sur des données de l’assurance-maladie, pour qui tout médicament suspendu est un gisement d’économies ?) sur une population à haut risque cardiovasculaire puisque diabétique et/ou hyperlipidémique et/ou en surpoids. Comment distinguer les valvulopathies éventuellement dues au Mediator de celles dues par exemple, à une rupture de cordage après un infarctus localisé ?
Le Dr Labbé a tout à fait raison de rapprocher ce nombre somme toute modéré de victimes présumées, du nombre de décès survenus pendant des traitements par aspirine, AINS… on peut ajouter les AVK et bien d’autres traitements au long cours.
Énorme mensonge du laboratoire Servier qui a toujours soutenu que son médicament avait une action spécifique directe sur le métabolisme des lipides, notamment des triglycérides, et de la glycémie, en niant farouchement un effet réducteur de l’appétit pourtant évident à tous ceux qui l’ont prescrit, et qui était sans doute son principal mode d’action. Le nom chimique du médicament, (benfluorex DCI), était d’ailleurs évocateur d’un anorexigène. À ce propos, j’ai toujours un courrier de la Direction Médicale du laboratoire que j’avais interrogé par écrit à ce sujet en 1986 et qui écartait clairement toute pharmacodynamie par réduction de l’appétit. Ce mensonge est la seule dimension scandaleuse de l’affaire, les déclarations initiales du Dr Servier étant au demeurant particulièrement maladroites et fâcheuses.
Il faut signaler un travers courant des études rétrospectives en médecine qui consiste à juger des faits anciens à la lumière de connaissances actuelles, et l’affaire Mediator en est un bon exemple. Ainsi a-t-on pu lire qu’on savait depuis plusieurs années que le Mediator entraînait des valvulopathies, une HTAP… mais qui savait ? Cette notion n’était en tout cas pas connue des généralistes en France.
Les amphétamines étaient, et sont d’ailleurs toujours connues pour leurs effets neuropsychiques : excitation, éveil, nervosité, stimulation intellectuelle et des processus de mémorisation, voire dopage (qui n’a pas eu vent de son usage sous le manteau à l’approche des examens dans nos facs ?), danger des utilisations prolongées, effet dépressogène possible à l’arrêt de la prise… mais pas pour donner des HTAP ou des valvulopathies.
Et si c’est vraiment le cas on se demande pourquoi les enfants hyperkinétiques traités (pendant des années !) par Ritaline, qui si je ne me trompe est une amphétamine, ne font pas l’objet d’une surveillance cardiologique et pneumologique serrée. Le laboratoire Servier avait probablement mis au point avec le benfluorex une des moins toxiques des amphétamines (le Mediator par exemple n’avait pas d’effet excitant, au contraire), il est dommage qu’il n’ait jamais voulu l’admettre.
En février 2011, la CNAM déposait une plainte contre les laboratoires Servier pour escroquerie à l’assurance-maladie et tromperie aggravée, estimant le coût engendré par le Mediator depuis sa commercialisation (plus de trente ans) à 12 milliards d’euros. On s’est bien gardé de comparer ce coût à celui qu’aurait entraîné le remplacement du Mediator par un hypoglycémiant plus un hypolipémiant… Au fait qu’est devenue cette plainte ?
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