« Les industriels recommencent à reconstituer leurs stocks d'amoxicilline, ce qui est un très bon signal. La situation globale est meilleure », apprend-on de l'Agence nationale du médicament (ANSM), lors d'un point presse du ministère de la Santé sur les tensions d'approvisionnements. En revanche, la situation est moins évidente pour les formulations pédiatriques de paracétamol pour lesquelles aucune amélioration n'est à espérer « avant plusieurs semaines ».
« Depuis l'année dernière, les industriels ont l'obligation de constituer des stocks équivalents à deux mois de consommation pour les médicaments d'intérêt thérapeutique majeur, et quatre mois quand il y a des historiques de ruptures, rappelle l'ANSM. Les industriels ont aussi l'obligation de signaler toute tension d'approvisionnement, de mettre en place des mesures de contingentement et de recourir à l'importation de stocks depuis l'étranger. »
Fortes augmentations de la consommation en 2022
Ces mesures n'ont pas été suffisantes en 2022 qui a vu une forte augmentation de la demande de paracétamol et de l'amoxicilline. Concernant le paracétamol, l'ANSM avance le chiffre de +13 % de dispensation par rapport à 2021, après plusieurs années de stagnation. « Le contexte est assez compliqué, explique l'agence sanitaire. Les tensions actuelles concernent les formes orales pédiatriques et les formes suppositoires pédiatriques, mais pas les formes injectables. »
Avec les épidémies de bronchiolite, de Covid et de grippe, Sanofi avait fait état d'une augmentation de 47 % des requêtes de livraisons de Doliprane pédiatrique de la part des officines françaises entre janvier et novembre 2022. Son concurrent Upsa – qui commercialise l’Efferalgan et le Dafalgan – précise aussi avoir doublé sa production de paracétamol pédiatrique depuis le début de l’année. Le laboratoire annonce « qu’au regard de l’importance et la soudaineté des ruptures actuelles » de Doliprane, il ne « pourra absorber l’ensemble des volumes actuellement en rupture ».
La grève de novembre, un impact limité
Lors d'un entretien accordé à nos confrères de BFM, le ministre de la santé François Braun avait évoqué la grève survenue sur les sites de production de Sanofi en novembre dernier. « Il est difficile de déterminer l'impact de ce mouvement social, indique toutefois la Direction générale de la santé (DGS). Le laboratoire nous affirme qu'il s'agit plus d'un problème de distribution à l'étranger et de diminution de la production liée à certaines pathologies hivernales qui ont été moins observées avec le Covid. »
Les raisons de la pénurie d'amoxicilline sont assez similaires : une diminution de la production lors de la crise Covid qui peine à redémarrer alors qu'on assiste à une véritable explosion des infections hivernales. Plus globalement, l'année 2022 constitue « un véritable décrochage » en matière de signalements de tensions d'approvisionnement qui ne s'explique pas complètement par les exigences désormais plus strictes en matière de signalement : environ 1 900 en 2020, 2 200 en 2021, et « probablement plus de 3 000 en 2022 », prédit l'ANSM.
Pour l'amoxicilline et le paracétamol, l'ANSM a mis en place un contingentement strict de 50 % envers les pharmaciens d'officine et les répartiteurs. Les pistes d'approvisionnement à l'étranger, quant à elles, « ne sont pas faciles à trouver car le contexte de pénurie est mondial, précise l'ANSM. Nous avons également demandé aux industriels de privilégier la fabrication des formes orales et suppositoires. »
Depuis le 7 décembre, l'ANSM a pris la décision inédite d'interdire la vente directe aux officines, afin de réserver les stocks aux quelque 200 grossistes répartiteurs pharmaceutiques. Le but est d'« approvisionner les stocks de façon plus homogène sur le territoire national ». Autre solution envisagée : la dispensation à l'unité qui « a du mal à se mettre en place, nous allons faire un point avec l'ordre des pharmaciens et les syndicats », reconnaît la DGS.
L'agence du médicament estime que la disponibilité en officine de l'amoxicilline devrait s'améliorer dans les prochaines semaines. « Une fois que les industriels ont reconstitué leur stock, un temps est nécessaire avant que les pharmaciens disposent des stocks dont ils ont besoin. »
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