Développer les conseils des pharmaciens, mieux informer les patients... et réguler les prescriptions des médecins : pour limiter la consommation de médicaments, le commissariat général à la stratégie et à la prospective examine différentes pistes, dans une note publiée mercredi 5 mars et disponible en ligne.
La France demeure l’un des premiers consommateurs européens de médicaments, malgré une tendance à la baisse observée en 2012, explique ce service qui dépend du Premier ministre.
Les connaissances des médecins jugées insuffisantes
Pour remédier à cette situation aux conséquences « néfastes sur la santé des populations », il suggère de « repenser l’ensemble du circuit du médicament », en s’appuyant sur les expériences d’autres pays. En premier lieu, il s’agit de « prescrire autrement » : en France, la prescription d’un médicament est étroitement liée à la consultation médicale, note-t-il.
« Prescrire un médicament est une façon symbolique de reconnaître l’état pathologique du patient », écrivent les auteurs qui suggèrent de faire évoluer cette représentation aussi bien auprès des patients que des professionnels de santé pour modifier les comportements.
De plus, les connaissances des médecins seraient « mal adaptées aux besoins et souvent jugées insuffisantes ». Le commissariat général à la stratégie et à la prospective s’appuie sur une étude de l’IGAS de 2009 relatant que « près de 40% des médecins auraient déclarés être sous-informés en matière de médicaments et très peu d’entre eux ont eu recours à la formation continue (moins d’un médecin sur cinq) ».
Utiliser aussi l’ordonnance pour des prescriptions non médicamenteuses
Les auteurs de cette note plaident pour que des outils « réduisant le choix possible » de médicaments soient mis à la disposition des praticiens, par exemple une liste de référence comme en Suède. Ils suggèrent de « systématiser » les groupes d’échanges sur les pratiques de prescription, associant les pharmaciens.
De plus, l’ordonnance « gagnerait à être utilisée autrement, notamment pour prescrire des modes de prise en charge non médicamenteuse », concernant l’hygiène de vie, comme aux Pays-Bas.
Par ailleurs, pour éviter les mauvaises pratiques liées à l’automédication, les usagers doivent être « davantage et mieux informés ». Ainsi, l’emballage du médicament pourrait être « plus lisible » et la notice « simplifiée ». Le commissariat plaide également pour la dispensation à l’unité des médicaments, qui doit être expérimentée cette année.
Enfin, la mission de conseil des pharmaciens mérite d’être « développée », comme le prévoient déjà les nouvelles formes de rémunération mises en place en 2013. Le pharmacien pourrait « informer systématiquement » l’usager sur la posologie, les effets secondaires, etc. Il pourrait s’occuper de la préparation de doses individuelles à administrer, mission qui pourrait « gagner en importance » avec le vieillissement de la population. « Cela suppose de faire évoluer considérablement leur mode de rémunération », selon le commissariat général.
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