« Mon père était tellement absorbé et passionné par son métier de chirurgien que je n’ai guère le souvenir de l’avoir vu dîner à la table familiale », confie la ministre des Solidarités et de la Santé. « Mais j’ai toujours fait une exception pour Agnès, proteste l’intéressé, en lui promettant de l’accompagner tous les jeudis après-midis à des expositions, ou à des séances de cinéma. Un engagement sacré ! » C’était compter sans les urgences. « Et c’est ainsi, se souvient Agnès Buzyn, que, dès l’âge de dix ans, le jeudi après-midi j’accompagnais mon père au bloc. À 14 ans, j’étais devenue son aide-opératoire ! » Forcément, de cette immersion précoce est née la vocation. « Tu fais ce que tu veux, mais surtout ne deviens jamais chirurgien, s’insurge Élie Buzyn, il y a trop peu de femmes dans la filière et leur vie familiale est souvent massacrée par leur métier. »
La jeune et brillante Agnès va d’abord résister aux injonctions paternelles au cours de son trajet hospitalo-universitaire et elle effectue même un semestre de chirurgie générale. Avant de bifurquer, finalement, vers l’hématologie. « Elle a accompli un parcours extraordinaire en mettant au point des protocoles internationaux, elle m’a battu à plates coutures, s’extasie son chirurgien de père. Aujourd’hui devenue ministre par ses seuls mérites, elle s’inspire parfois des principes que je lui ai inculqués, en particulier la priorité de la prévention. »
Leçons retenues.
« J’ai retenu ses leçons, confirme Agnès Buzyn, et j’ai en particulier mis l’accent sur la nécessité de prévenir quand j’ai dirigé l’INCA. Mon père m’a aussi enseigné par sa pratique qu’il ne fallait pas multiplier les actes quand ils n’étaient pas nécessaires. Je l’ai souvent vu refuser d’opérer quand il jugeait qu’une alternative thérapeutique était préférable. » « Quand Agnès a lancé que 30 % des dépenses de l’assurance-maladie n’étaient pas pertinentes, elle m’a sans doute entendu », renchérit le père de la ministre.
Dans son livre, Élie Buzyn ne fait aucune mention de sa fille et même il a fait retirer son prénom de la quatre de couverture. La volonté de ne surtout pas instrumentaliser l’un avec l’autre. Lui c’est lui, elle c’est elle. La confusion des rôles n’est pas le genre de la famille. Mais l’admiration mutuelle du père et de la fille s’entend. Elle l’a « battu à plates coutures », dit-il. « Son humanisme me subjugue », lâche la ministre en écho, visiblement émue.
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