Remplaçant non thésé à Paris, Benoît Blaes, 29 ans, vient d'être élu pour un an à la tête du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG). Il succède au Dr Sayaka Oguchi. Très impliqué dans les questions d'indépendance, Benoît Blaes explique au « Quotidien » l'importance de faire profiter les jeunes professionnels d'une formation de qualité sans que cette dernière n'engage des frais excessifs, inutiles.
LE QUOTIDIEN : Quelles sont les priorités du syndicat ?
BENOÎT BLAES : Nous avons resserré nos dossiers. Nous nous intéressons à l'accès aux soins des personnes étrangères et/ou précaires. Nous partageons les constats de l'ODSE [observatoire du droit à la santé des étrangers, NDLR] sur la réforme de l'aide médicale d'état (AME), dangereuse selon nous. Le gouvernement prévoit une restriction d'accès au panier de soins de l'AME avec une demande préalable à la Sécu mais aussi une restriction d'accès à la couverture santé de base [PUMa, hors soins urgents, NDLR] pour les demandeurs d'asile.
Nous travaillerons sur la discrimination en santé comme la culture sexiste dans le milieu médical, la grossophobie, la transphobie et les discriminations auprès des personnes précaires accusant des refus des soins.
La lutte contre les risques psychosociaux se poursuivra aussi. Actuellement, les témoignages des soignants sont toujours là, il existe des lignes d'écoute, des ateliers bien être qui aident les personnes en difficulté mais qui ne transforment pas les organisations du travail.
L'indépendance vis-à-vis des laboratoires est également l'un des chevaux de bataille du SNJMG. Que reste-t-il à faire ?
On constate des avancées culturelles dans le corps médical sur l'indépendance, mais beaucoup à faire. Par exemple, la charte éthique et déontologique des doyens pour protéger les externes et internes de l'industrie n'est pas appliquée. Il y a des labos dans les hôpitaux, sur les terrains de stage des externes ou chez les praticiens qui accueillent des internes. On veut que les mesures de la charte soient suivies. Ces demandes sont portées par les jeunes médecins, les associations comme le Formindep et Prescrire mais elles ne sont pas nées de la préoccupation des chefs de service, or ce sont eux qui sont concernés par ces changements-là. La charte éthique évoque des sanctions mais aucune n'a été prononcée. Il en faudrait.
Par ailleurs, sur les frais d'hospitalité liés à la formation, c'est normal de payer pour se former. Mais, aujourd'hui, les congrès médicaux sont organisés dans des lieux qui coûtent très cher. On peut déjà revoir ça. A-t-on vraiment besoin du prestigieux palais des congrès pour se former ?
Oui, ça va être difficile d'organiser dans les prochaines années des formations de qualité et indépendante, mais c'est nécessaire. C'est uniquement quand les gens auront le nez dedans qu'on trouvera des alternatives.
Les internes prévoient une grève illimitée à partir du 10 décembre. Le SNJMG rejoindra-t-il le mouvement ?
C'est débattu en ce moment, nous ne sommes pas arrivés à un consensus. On a soutenu la première mobilisation du collectif inter-hôpitaux. Pour la grève du 10 décembre, nous regardons encore les revendications. Si elles s'avèrent d'ordre salarial, type « argent et avantages », ce n'est pas notre ligne à nous. On préfère réfléchir à l'organisation des soins, à nos besoins pour travailler correctement, à l'accueil des patients. Si des revendications de cet ordre ressortent, nous pourrions être intéressés pour soutenir les internes.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes