Alors que l'Italie organise un très large confinement – le gouvernement a décrété la fermeture des écoles et des universités au moins jusqu’au 15 mars et l’annulation des spectacles et événements sportifs –, le système sanitaire transalpin s'emploie aussi à organiser une riposte exceptionnelle. L’épidémie a désormais touché en Italie plus de 3 000 personnes, et la barre symbolique des 100 morts a été franchie.
Avec la découverte de nouveaux cas de Covid-19 dans les régions foyers du virus (Lombardie et Vénétie), les hôpitaux sont débordés et le nombre de médecins et de paramédicaux insuffisant.
Le casse-tête des soignants contaminés
Avec la progression du virus, de nombreux praticiens et infirmiers testés positifs sont désormais à l’isolement. Un casse-tête qui s'ajoute au manque chronique de médecins, les recrutements étant bloqués depuis des années pour des raisons budgétaires.
Dans ce contexte, le gouverneur de la région lombarde, Attilio Fontana, propose de changer de braquet. Il a demandé au ministère de la Santé de désigner au moins trois autres hôpitaux au niveau régional pour accueillir les nouveaux cas. Et au chapitre de l'offre de soins, il propose d’avancer la date des examens pour recruter à court terme une centaine d’infirmiers et... de faire rempiler les praticiens retraités disponibles.
« Si un médecin est contaminé, cela fait une ressource en moins et elle doit être immédiatement remplacée, s'agace Attilio Fontana. Or, en l’état actuel, nous n’avons pas suffisamment d’effectifs, le gouvernement ayant bloqué les turn-over au niveau national pour des questions budgétaires. C'est une absurdité totale car la Lombardie est suffisamment autonome sur le plan financier. »
En début de semaine, la Lombardie a ainsi entamé des discussions avec le gouvernement pour convaincre le ministre du Trésor d’adopter un dispositif financier en urgence permettant de salarier et d’assurer les praticiens retraités « rappelés » le cas échéant en renfort dans les hôpitaux.
Au front
Mais cette initiative divise. « Travailler en thérapie intensive est compliqué, il faut être bien formé », recadre Maria Rita Gismondo, directrice du laboratoire de virologie et de microbiologie clinique de l’hôpital Sacco de Milan. Fabrizio Pregliasco, virologue de l’université de Milan, est plus catégorique : « Les médecins retraités ne peuvent pas être envoyés au front car ils sont plus vulnérables en raison de leur âge. »
L’Association nationale de l’Assistance publique (Anpas) soutient, elle, le projet de la Lombardie à condition de redistribuer les activités. Les nouvelles recrues médicales seniors pourraient par exemple être placées dans les aéroports pour contrôler la température et dans les centres hospitaliers de « triage » pour accélérer les dépistages et répartir les programmes de soins en fonction de la gravité des patients.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes