Editorial

Dans la tourmente

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Publié le 27/09/2018
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Entre innovations et revendications sociétales, la gynécologie est sans doute la spécialité médicale la plus exposée actuellement, contrainte en permanence de s’adapter, mais aussi sommée de justifier ses pratiques. Et c’est un peu injuste si l’on garde à l’esprit les efforts déployés par la discipline depuis au moins les années soixante pour être en phase avec ses contemporaines. Ces derniers mois, la polémique sur les violences obstétricales a fait l’effet d’un mini-séisme, mobilisant pas moins de deux institutions – le Haut conseil à l’égalité hommes-femmes et l’Académie de médecine - pour démêler le vrai du faux dans les accusations tous azimuts dont les gynécologues ont fait l’objet. Des reproches qui sonnent comme un paradoxe quand on sait qu’une partie de ces spécialistes a trouvé sa vocation dans le combat pour la libération de la femme. Las ! Il faut croire que les temps ont changé, puisque, ironie de l’histoire, la pilule, si emblématique des combats féministes de ces cinquante dernières années, paraît désormais boudée par un nombre croissant de Françaises.

Mais ce n’est pas sur ce terrain que les gynécologues se retrouvent une nouvelle fois mis en cause. Depuis l’été, la polémique concerne l’accès à l’IVG. D’aucuns incriminant la clause de conscience des médecins, qui fait de l’avortement un acte pas comme les autres. Notre enquête montre pourtant cette semaine que les possibilités de recours à l’IVG se sont plutôt améliorées ces dernières années, à la faveur notamment de l’entrée en lice des généralistes et des sages-femmes. Et, si l’on doit rester prudent sur le constat, il ne faudrait pas non plus faire de mauvais procès aux gynécos. À l’heure où la pénurie médicale perturbe çà et là l’accès aux soins, il serait tentant de faire des toubibs des boucs émissaires. Mais pas très fair-play. Ne tirez pas sur l’ambulance !

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9689