Une présentation de grippe saisonnière

La grippe A(H1N1) sous la loupe du « New England »

Publié le 12/05/2009
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DEUX ARTICLES du « New England » traitent des groupes de virus de la grippe porcine récemment transmis chez des humains. Un groupe de virus (description de Shinde et coll.) est le résultat de recombinaisons de virus provenant de trois origines : porc, humains et oiseaux. Ces virus H1 de la gripe du porc ayant subi un triple réassortiment, ont été à l’origine d’épizooties parmi les porcs en Amérique du Nord depuis les années 1990. Entre décembre 2005 et la présente épidémie, il y a eu chez les humains des infections sporadiques de grippes d’origine porcine dues à ce virus grippal porcin A H1N1 triplement réassorti, chez des personnes exposées aux porcs aux États-Unis. « Bien que tous les patients aient guéri, des affections respiratoires graves et des signes moins habituels de la grippe, tels qu’une diarrhée, ont été recensés chez certains patients », remarquent Shinde et coll.

Un autre groupe de virus, décrit par l’« Équipe d’investigation du nouveau virus H1N1 d’origine porcine » (Novel Swine-Origin Influenza A (H1N1) Virus Investigation Team) est le produit d’un réassortiment récent entre le virus grippal porcin triplement réassorti et un virus de grippe de porc Eurasien, ce qui a abouti au virus H1N1 responsable de la grippe porcine actuellement transmise entre les humains (dit virus S-OIV).

Un génome encore jamais identifié.

Le S-OIV présente un génome de composition unique, jamais encore identifiée.

Les deux groupes des virus se comportent de manière très différente. Le virus H1 grippal porcin triplement réassorti circule essentiellement chez les porcs et n’est transmis qu’occasionnellement aux humains. Et il n’a pas diffusé efficacement entre les humains.

Le S-OIV n’est pas épidémique chez les porcs, (bien que ces animaux puissent être infectés par les humains), mais il se transmet entre les humains.

Les deux virus sont des virus à hémagglutinines H1, apparues chez les humains et les porcs en 1918, pour ensuite évoluer dans des deux espèces. Attention toutefois, la situation actuelle « n’est pas une reproduction de celle de 1918 », mais « une poursuite de 1918 », car nous sommes toujours infectés par des virus rémanents de la pandémie de 1918.

Actuellement, on ne sait pas s’il existe une relation croisée entre les anticorps, c’est-à-dire que l’on ne sait pas si l’immunité contre H1, présente chez un certain nombre d’individus, confère une protection contre S-OIV.

Les 642 cas confirmés survenus entre le 15 avril et le 5 mai d’infections par S-OIV, sont décrits par le groupe d’Étude du nouveau virus. Ces grippes ont frappé entre l’âge de 3 mois et celui de 81 ans, mais 60 % des sujets avaient moins de 18 ans, « un profil de distribution des âges typique des grippes saisonnières : les écoliers forment le groupe ou la fréquence est la plus grande, et ils diffusent le virus à la maisonnée ».

Fièvre, toux, angine.

Les manifestations cliniques sont également celles de la grippe saisonnière, avec une fièvre chez 94 % des patients, une toux chez 92 % et une angine dans 66 % des cas. À cela s’ajoutent parfois des vomissements (25 %) ou une diarrhée (25 %). Au total, 36 patients ont été hospitalisés. Des données disponibles chez 22 d’entre eux, montrent des facteurs de risque de gravité de la grippe saisonnière : un jeune âge (n = 4), une maladie chronique (n = 9), une grossesse (n = 1). Huit ont été transférés en unité de soins intensifs, 4 ont eu une insuffisance respiratoire et 2 sont décédés. Les deux décès sont survenus chez un enfant de 22 mois porteur d’une maladie chronique et chez une femme de 33 ans enceinte.

Plusieurs patients hospitalisés présentaient des signes patents de pneumonie à la radiographie.

Au total, le spectre pathologique ressemble beaucoup à celui de la grippe saisonnière.

La question de la prévention se pose. « Terminer la production du vaccin saisonnier et à cela ajouter un vaccin monovalent S-OIV à cette production, représente un défi technique et politique, mais cela peut être réalisé », soulgine Robert Belshe (Université de Saint Louis et consultant pour Novartis et Medimmune) dans un éditorial.

New England Journal of Medicine, édition avancée en ligne.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr