Les centres de santé ont la cote. Ces structures proposent aux patients une prise en charge par plusieurs professionnels, pratiquent le 1/3 payant, et proposent le salariat à ses membres, un mode d’exercice volontiers choisi par la jeune génération de médecins. Dans son pacte Territoire Santé destiné à lutter contre la désertification médicale, Marisol Touraine propose d’ailleurs de « conforter » les centres de santé. Dans ce but, la ministre de la Santé a missionné l’IGAS pour « rénover leur modèle économique » afin de leur assurer un fonctionnement pérenne.
C’est dans ce contexte que la Mutualité Française vient de rendre public un modèle économique des 500 centres de santé membres de son réseau national sur les 1 450 existants (www.mutualite.fr/centresdesante). Ce document montre que ces structures, dans lesquels exercent 2 830 professionnels (1 700 chirurgiens, 1 000 médecins et 130 infirmières), parviennent à l’équilibre financier « lorsqu’elles associent des activités déficitaires (médecine générale) et excédentaires (dentaire, cardiologie, gynécologie ou ophtalmologie) ». Les défenseurs d’une revalorisation de la médecine générale y trouveront de quoi apporter de l’eau à leur moulin ; la Mutualité précise que « la médecine générale, pourtant socle de l’offre de santé, ne peut s’équilibrer seule en l’état actuel des tarifs de la Sécurité sociale ».
55 heures d’ouverture minimum.
Le guide passe tout d’abord en revue les prérequis indispensables à l’équilibre économique de ces structures. Leur taille critique (pour atteindre un chiffre d’affaires permettant l’équilibre des comptes) est évaluée à 13/14 cabinets, associant généralistes et spécialistes, dans un centre médical sans activité dentaire sur Paris, et à 7/8 en province. Il évalue à 55 heures par semaine les horaires minimums d’ouverture au public, et chiffre à 4 par heure le nombre minimum de consultations à effectuer en médecine générale. Ce business model calcule aussi le ratio de personnel non-médecin par praticien : un accueillant pour 6 médecins, un coordinateur pour 10, une infirmière pour 8. Il estime enfin que la masse salariale chargée ne doit pas excéder 68 % à 80 % du chiffre d’affaires de la structure, et que le montant du loyer doit se situer entre 2 et 5 % de ce même CA.
Moderniser l’image.
La Mutualité préconise d’« étudier la mise en place une délégation de tâches dès que la spécialité le permet » (entre les infirmiers et les généralistes, les sages femmes et les gynécologues, les orthoptistes et les ophtalmologues ou encore entre les audiométristes et les ORL). Elle suggère aussi de créer la fonction de coordinateur, afin de maximiser le taux de remplissage du planning des praticiens et de relancer les patients avant chaque rendez-vous par SMS ou mail pour limiter leur absentéisme.
Afin de revaloriser l’image des centres de santé auprès des professionnels, « encore souvent associés à l’image vieillissante des dispensaires », la Mutualité recommande de les dénommer plutôt « espaces de santé mutualistes ».
Ces méthodes censées équilibrer les comptes des centres de santé font réagir MG France. Son président, le Dr Claude Leicher, juge « intéressant de voir que le déficit structurel de ces centres, dû à la faible rémunération des généralistes, peut être comblé par le bénéfice provenant d’autres activités de soin. C’est une possibilité que n’a pas l’exercice libéral ». S’il « respecte » le choix des médecins qui exercent en centres de santé, le Dr Leicher verrait toutefois d’un mauvais œil que les pouvoirs publics « mettent beaucoup d’argent dans ces structures et pas dans l’exercice libéral ».
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