La légitimité du drapeau européen ne pouvait être acquise que par un vote. C'est fait. Unis contre l'extrême gauche et l'extrême droite, les députés de la République en marche, des socialistes et la plupart des élus de LR ont voté, dans la nuit de lundi à mardi dernier, le maintien de la présence du drapeau européen à l'Assemblée. Ce qui chagrinait les extrêmes, c'est qu'ils voient dans l'Europe la cause de tous les maux français. M. Mélenchon et ses amis reprochent au drapeau européen d'être inspiré par l'auréole de la Vierge Marie telle qu'est représentée dans de très nombreuses peintures, Mme Le Pen et les siens y voient une atteinte grave au nationalisme français. Nous n'avons qu'un drapeau, disent-ils, et c'est celui de la France.
Le premier réflexe d'Emmanuel Macron a été d'exprimer sa volonté de maintenir la présence, dans le paysage français, des symboles européens. Tout, chez lui, relève des convictions européennes et ce n'est pas un hasard si, le soir de son élection, il a longuement déambulé au son de l'Ode à la Joie, qui a inspiré l'hymne de l'Union. Il n'y a pas de citoyen français qui croie plus que M. Macron à la force des symboles. Il doit reconnaître néanmoins que son avis n'est pas partagé par tous et que ceux qui dénigrent le drapeau européen sont hostiles à l'Union, aux principes qui la fondent, à la solidarité de l'UE, aux contraintes et aux avantages qu'elle procure.
Sport et hymne
Ce qui veut dire que la présence des symboles européens dans notre pays n'est pas éternelle car elle dépend d'une majorité. Le vote du 27 novembre a donc confirmé qu'il existe à l'Assemblée une majorité pro-européenne, mais qu'en conséquence, cette majorité peut changer et adopter l'exclusion du drapeau et le bannissement de l'hymne. Il est vrai que, dans les matches de football, il est plus facile de chanter la Marseillaise que du Beethoven. Mais ce serait un immense progrès si, au lieu de célébrer nos couleurs nationales, ce qui revient à introduire le nationalisme dans les terrains de sport, nous entonnions de la musique classique. La non-violence du sport serait assurée et, surtout, nous nous inquièterions autant du sort de l'adversaire que du nôtre.
Simple mise en perspective d'un progrès dont nous restons très éloignés. Je rappelle néanmoins que les paroles de la Marseillaise sont souvent critiquées pour la violence qu'elles continennent et que certains, après en avoir dénoncé la mélodie, ridiculement martiale, en réclament l'épuration sémantique. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, de Mélenchon à Le Pen, on préfère l'hymne national à celui de l'Europe, les menaces de mort adressées aux forces étrangères à la ferme douceur de l'Ode à la Joie. Bref, si nous n'arrivons pas à trouver une place définitive aux symboles européens sur nos lieux publics, rien ne nous dit non plus que M. Mélenchon ou Mme Le Pen prendront un jour le pouvoir.
Il n'est donc pas inutile que l'Assemblée ait signifié sa volonté au moment où, privés de toute influence sur la marche de la politique, les partis anti-européens tentent de discréditer le pouvoir par des piques, après avoir essayé, mais en vain, de le déstabiliser par des manifestations dont la répétition n'a conduit qu'à un échec sévère. Depuis l'élection de M. Macron, les démarches de l'opposition pour porter atteinte à sa légitimité sont nombreuses et il ne s'en étonne plus. On prétend qu'il a été élu avec un quart des voix, ce qui n'est vrai que pour le premier tour de la présidentielle et pas pour le second. S'il n'avait été qu'un phénomène passager, il n'aurait pas la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Cette majorité a sûrement des défauts mais elle croit, voyez-vous, à l'Europe.
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