Dictée par une campagne électorale aux rebondissements spectaculaires, la prudence commande de ne rien prédire. Seule Mme Le Pen, portée par une histoire grinçante qui a déjà mis M. Trump au pouvoir et conduit les Britanniques à abandonner l'Europe, est à peu près sûre de passer le premier tour. Qui sait ce que l'on va dire ou faire à M. Macron pour le déstabiliser dans les semaines qui viennent ? Le Front national qui, pourtant, traîne plus casseroles que M. Fillon, reste indemne. Quant à l'ancien ministre de l'Economie, il a su, avec le sourire, écarter des rumeurs destinées à l'abattre avant même qu'il se fut présenté. Non sans habileté, il prolonge le suspense sur son programme, sachant que, s'il le livre trop tôt, il sera transpercé de mille flèches. Mais il faudra bien qu'avant le vote il en annonce les lignes essentielles.
Le bilan de la primaire de la gauche n'est pas vraiment meilleur que celui de la droite. M. Hollande, qui, la semaine dernière, exprimait ses sentiments à ses amis socialistes, avec un peu de nostalgie et quelques conseils, ne semble pas mesurer l'ampleur du désastre. Non seulement il a été incapable de sortir le pays du ravin économique et social où il a chaviré, mais son impéritie envoie au combat une gauche qui est la caricature d'elle-même, non pas une formation ardente, imprégnée de la nécessité du changement, mais une minorité du parti qui s'en est emparée et n'a pas d'autre volonté que d'aller encore plus loin dans la dépense publique, les déficits, la dette, tous ingrédients d'un chômage aggravé, mais qu'importe ? Puisque, de toute façon, le PS ne croit plus au travail.
D'ailleurs, on ne comprend pas que M. Mélenchon ne se jette pas dans les bras de M. Hamon, qui fait tout ce qu'il peut, par les idées et les promesses, pour s'aligner sur lui, sinon que le chef du Parti de gauche est si content d'être là où se trouve son hologramme qu'il ne cèderait sa place pour rien au monde, étant entendu que ce qu'il veut, c'est le bonheur du peuple et pas la consécration de sa petite personne. On en est là : sans sombrer dans l'aversion pour la classe politique, on est bien obligé de remarquer que la campagne électorale a aggravé ses travers. Chacun de ces candidats se bat bien plus pour lui-même que par sens du devoir.
Sur quelle pente M. Fillon entraîne ses électeurs
Et c'est valable aussi pour M. Fillon qui, en une semaine, a eu le loisir de comprendre que sa belle prestation du 6 février lui a permis de mater son parti, mais pas l'opinion. Là où il va, il est sifflé, houspillé, abreuvé méchamment de quelques épithètes peu chrétiennes tandis qu'il s'efforce d'énoncer tout le bien qu'il veut faire à la France et aux Français. Combien de temps durera-t-il encore ? Il pense que chaque jour désagréable qu'il passe est un jour de gagné pendant que ses amis, comme ses adversaires, se demandent si chaque jour ne l'enfonce pas un peu plus dans la tombe. Il n'en a pas fini avec les révélations, vraies ou fausses, avec les commentaires goguenards et insultants pour sa famille, avec la contestation interne, avec une baisse de sa cote de popularité, qui se poursuit implacablement. Sérieusement, croit-il être encore le meilleur candidat de la droite, le seul à écarter le double danger qu'il dénonce, l'inexpérience de M. Macron, mais aussi et surtout, la terrifiante Marine Le Pen ?
Si M. Hollande est directement responsable de l'état dans lequel se trouvent le pays et son parti, M. Fillon prend une autre responsabilité, encore plus grave : celle d'obscurcir la perspective, exceptionnelle pour la droite, de prendre cette année les rênes du pouvoir. C'était du sûr, c'est fichu. Il fallait le faire. Pour l'électorat, résumons : une gauche qui tourne le dos à la réforme, une droite exsangue, un Front national en pleine forme, et un Macron. Ce n'est plus un choix, c'est un dilemme.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes