Le revirement de François Fillon sur son programme santé a-t-il tué toute velléité de réforme du panier de soins ?
Invités par l’Association des cadres de l'industrie pharmaceutique (ACIP) à discuter d’une nouvelle répartition des rôles entre l’assurance-maladie et les organismes complémentaires, plusieurs experts du secteur de la santé ont relancé le débat.
Malgré « quelques maladresses », François Fillon a eu le « courage politique » de porter le délicat sujet du financement de la protection sociale au cœur de la campagne présidentielle, estime Gilles Johanet, procureur général à la Cour des comptes. Pourtant, le tollé suscité par le candidat de la droite, qui souhaitait (avant de se raviser) « focaliser » le remboursement des affections graves et des soins de longue durée sur l'assurance-maladie obligatoire et renvoyer le « petit risque » aux complémentaires santé, a changé la donne.
« Les complémentaires pourront-elles faire de la gestion du risque dans ce climat délétère et une sélection des remboursements par la Sécurité sociale en fonction de l’utilité des soins est-elle encore possible », s’interroge l’ancien directeur général de la CNAM.
Acteurs de solidarité nationale
L'économiste de la santé Claude Le Pen s’interroge, lui, sur l’opportunité d’inventer un système de conventionnement des complémentaires. Cette idée fait bondir Thierry Beaudet, patron de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), qui rappelle que « les mutuelles n’ont pas été épargnées lors des deux derniers quinquennats », avec une forte augmentation de leur taxation (de 2,5 à 13 %). « La généralisation des complémentaires en entreprises, en segmentant les populations depuis 2012, est une pression supplémentaire dont le monde mutualiste se serait bien passé », lance Thierry Beaudet. D'autant que François Fillon promet aux mutuelles plus de régulation en proposant la création d’une agence de contrôle pour mieux les surveiller. « Une défiance de plus, la défiance de trop », estime la Mutualité française. « Jean-Luc Mélenchon veut encore aller plus loin en supprimant les complémentaires santé et le candidat de la belle alliance populaire semble avoir lancé le concours Lépine de l’impréparation en ce qui nous concerne », assène Thierry Beaudet.
Soulignant le poids important des dépassements d'honoraires, 2,8 milliards d'euros annuels en médecine, 4,8 milliards chez les dentistes, 6 milliards sur l’optique et un milliard en audioprothèse, Thierry Beaudet récuse l’idée d’une privatisation rampante de la Sécurité sociale. Selon le patron de la FNMF, les organismes mutualistes sont déjà des acteurs à part entière de la solidarité nationale.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes