L'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), parmi les établissements les plus endettés de France, mise sur un plan de modernisation cofinancé par l'État pour sortir de l'ornière au prix, redoutent les syndicats, de nouvelles suppressions de personnels. La décision sur ce plan d'économies sera rendue publique le 31 janvier.
Depuis près de deux mois, la tension règne entre la direction et les syndicats de personnels qui multiplient les appels à la grève pour dénoncer « l'épuisement » des agents confrontés à des « sous-effectifs chroniques, au manque de matériel et à une logistique défaillante ».
Les médecins s'inquiètent également : interrogé fin décembre par « le Quotidien », le Pr Dominique Rossi, chef de la commission médicale d'établissement de l'AP-HM, témoignait de « dysfonctionnements » dans l'organisation des soins.
1 000 emplois non médicaux menacés
Les personnels ne sont pas convaincus par la teneur du plan de relance économique. « On ne prête de l'argent qu'aux bons élèves. Le gouvernement ne voudra pas s'engager si on ne montre pas une situation plus assainie alors qu'elle est pour l'instant catastrophique », anticipe FO, après l'évocation dans la presse locale de la suppression de 800 à 1 000 postes à l'hôpital de La Timone, dont 300 à 400 parmi le personnel soignant.
Des chiffres que refuse de confirmer la direction qui reconnaît que l'assainissement des comptes passera notamment pour le premier employeur de la région par une « maîtrise de la masse salariale ». L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) vient de révéler dans un rapport que le plan de redressement mis en place en 2015 prévoyait d'ores et déjà la suppression de 1 000 emplois non-médicaux.
Concurrence des cliniques
Avec une dette d'un milliard d'euros à peine inférieure à son budget de 1,3 milliard d'euros et un déficit cumulé de 550 millions d'euros, l'AP-HM fait figure de cancre et paie au prix fort ses erreurs passées.
Les emprunts massifs (1,4 milliard d'euros) contractés dans le cadre du plan Hôpital 2007, lancé par le ministre de la Santé Jean-François Mattei en 2002 afin d'inciter les hôpitaux à se moderniser, ont poussé les comptes des hôpitaux marseillais dans les abysses. De même que le passage au financement à l'acte, en 2005, en remplacement d'un budget global, l'AP-HM étant auparavant « très bien dotée », selon la direction.
L'hôpital a été épinglé pour son clientélisme local et un taux d'absentéisme des personnels anormalement élevé. Autre particularité locale, la concurrence d'un très grand nombre d'établissements privés dans la région, en particulier sur les soins programmés considérés comme les plus rentables.
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