Dans « le Monde » daté du 10 novembre, l'ancien président du conseil italien, Matteo Renzi, n'avait pas de mots assez élogieux pour décrire le parcours politique d'Emmanuel Macron qui, certes, a subjugué ses contemporains mais dont la cote de popularité est aujourd'hui très basse. M. Renzi parlait du chef de l'Etat français comme du « dirigeant le plus fort du moment en Europe », un jugement dont on ne sait s'il relève de la conviction personnelle ou du vœu pieux. Le projet de Macron est de faire des élections européennes une bataille pour ou contre l'Union. Au contraire, ses concitoyens considèrent le scrutin comme un référendum pour ou contre Macron, ce qui, en l'état actuel du mécontentement populaire, conduirait la République en marche et le MoDem, qui lui est associé, à un échec.
L' « itinéraire mémoriel » qui, la semaine dernière, a conduit le président de la République dans plusieurs hauts lieux de la guerre 14-18 et le forum pour la paix réunissant une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement qui a suivi ce périple avaient un objectif pédagogique : rappeler aux Français, mais aussi aux Européens, le danger qu'il y a à choisir le nationalisme contre le progressisme. Sur cette thématique, ceux qui haïssent la violence ne peuvent que le rejoindre. Mais les Français, comme d'autres peuples d'Europe, ne cultivent pas leurs connaissances historiques. Ils exigent un répit fiscal, une amélioration du pouvoir d'achat, des emplois mieux rémunérés.
M. Macron, en qui une majorité a cru en 2017, les a déçus. Le danger n'est pas que, comme son prédécesseur, il ne puisse se présenter à un second mandat. Le danger, c'est que le pays entre dans un cycle où le Rassemblement, à la faveur des rendez-vous électoraux, menace de s'emparer du pouvoir. Ce qui entraînerait une vive réaction du peuple dit de gauche, qui, pour conjurer l'avènement du RN, choisirait la France insoumise.
Les deux partis travaillent sur ces scénarios. Le Rassemblement national n'a jamais été aussi discret que ces temps-ci car tous les sondages le montrent en tête des élections européennes, scrutin à la proportionnelle intégrale qui n'a qu'un mérite, celui de montrer la place exacte qu'un parti occupe dans l'échiquier politique. LFI n'a pas encore la cote dont bénéficie le RN, mais dans une situation de crise où la République en marche serait en perte de vitesse et où la droite ne serait pas en meilleure forme qu'aujourd'hui, électeurs de gauche, socialistes et autres n'auraient plus qu'un choix face à Marine Le Pen : le parti de Jean-Luc Mélenchon.
M. Macron a certainement pris la semaine dernière le leadership européen qu'Angela Merkel ne lui discute même pas. Il a, en outre, en Europe, une popularité bien plus grande qu'en France, comme le montrent les commentaires de son ami Mario Renzi. Les polémiques souvent futiles que produisent certains propos du chef de l'Etat n'ont pas d'écho dans le reste de l'Europe, pour qui M. Macron est l'homme capable d'inviter le monde à Paris pour célébrer le centenaire d'une guerre atroce qui a jeté des Européens contre d'autres Européens. Mais le président de la République ne tire son pouvoir que de sa majorité, laquelle serait minorité si l'on tenait aujourd'hui des élections législatives. M. Renzi, à juste titre, se félicite de ce que la France ait des institutions qui protègent le président pendant toute la durée de son mandat. Pourtant, le temps passe vite.
Le problème est que Macron a été, en 2017, l'homme qui nous a tous sauvés collectivement d'une prise de pouvoir par un parti extrémiste. On lui reproche déjà de laisser entendre que c'est lui ou le chaos, ce qu'il ne dit jamais mais qu'il a le droit de penser. Car qui, à droite, au centre ou à gauche, a la carrure pour arrêter M. Mélenchon et Mme Le Pen dans leur course ? Il n'y a personne d'autre que lui, pour autant qu'il ne sombre pas dans les abysses des sondages. L'expérience (par exemple celle de M. Sarkozy ou celle de M. Hollande) a montré que, lorsqu'une cote de popularité tombe très bas, son redressement est pratiquement impossible.
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