Le syndrome d'apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAOS) représente la forme la plus répandue des troubles respiratoires nocturnes dans la population générale.
Une étude réalisée par l'Institut de veille sanitaire a montré que dans la population générale, 4,9 % des personnes ont déclaré avoir des symptômes évocateurs de syndrome d'apnées-hypopnées du sommeil et 2,4 % un SAOS diagnostiqué. Elle a également montré que le nombre de personnes traitées par pression positive continue est en augmentation.
Un triplement du risque d'événements cardio-vasculaires
Une étude réalisée par JM Marin et coll. sur un grand nombre de patients a apporté des arguments en faveur d'une augmentation de la morbimortalité cardiovasculaire chez les patients non traités pour un SAOS sévère et/ou symptomatiques et en faveur d'une efficacité du traitement par pression positive continue (PPC, la C-PAP des Anglo-Saxons) pour réduire ce risque.
Ce travail a porté sur une cohorte de plus de 1 600 hommes. Après un suivi d'une durée de 12 ans, le risque de décès cardiovasculaires et d'événements cardiovasculaires non fatals dans le groupe SAOS sévère non traité est apparu multiplié respectivement par 2,87 et 3,17 par comparaison avec le groupe témoin alors que le risque dans le groupe traité par PPC n'était pas significativement différent de celui du groupe témoin.
En effet, alors que le système cardio-vasculaire est normalement au repos lors du sommeil, chaque apnée obstructive du sommeil entraîne une désaturation artérielle en oxygène et une brusque augmentation du tonus sympathique. Les conséquences associent une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque sollicitant fortement le système cardiovasculaire.
L'étude SAVE
De 40 à 60 % des sujets atteints d'une maladie cardiovasculaire sont atteints de SAOS. Plusieurs études ont démontré un impact bénéfique de la pression positive continue nocturne. L'étude SAVE a eu pour objectif de déterminer l'effet protecteur cardiovasculaire de la PPC chez des patients SAOS modéré à sévère non symptomatiques ayant une atteinte athéromateuse coronaire ou cérébrovasculaire. Dans cette étude multicentrique, internationale, parallèle, 2 717 patients de 45 et 75 ans ont été aléatoirement assignés à un traitement usuel associé ou non à la PPC. La durée de la période de suivi a été de 3,7 ans. Le critère principal de jugement a été composite (mortalité cardio-vasculaire, syndromes coronaires aigus, AVC et hospitalisation pour AIT, angor instable ou insuffisance cardiaque). Dans le groupe PPC, la durée moyenne de port du dispositif a été faible (3,3 heures par nuit), efficace sur le SAOS (l’index apnée/hypopnée (IAH) de 29 à 3,7/h) mais n'apportant pas de protection cardiovasculaire dans cette population (229 événements dans du groupe PPC contre 207 dans le groupe témoin p = 0,34). Dans l'éditorial accompagnant l'étude, la faible durée du port de la PPC ne couvrant pas l'ensemble de la nuit est proposée comme facteur explicatif, auquel il faut ajouter la population ciblée (asymptomatique, avec de lourds antécédents cardiovasculaires).
Au total, le risque cardiovasculaire est plus important en cas de SAOS, indépendamment des autres facteurs de risque cardiovasculaire. Cependant, l'impact du traitement du SAOS porte principalement sur la prévention du développement des pathologies cardiovasculaire. Ainsi, la prévention et le dépistage précoce du SAOS chez les patients cardio-métaboliques et le traitement spécifique des pathologies cardio-métaboliques chez les patients SAOS sont essentiels pour la prise en charge clinique.
* Laboratoire HP2, université Grenoble Alpes, Laboratoire INSERM U1042 et Pôle locomotion, rééducation et physiologie, laboratoire d'explorations fonctionnelles respiratoires et sommeil, clinique de physiologie, CHU, Grenoble
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