Pour les urgentistes, c'est le 113 ou rien ! Alors que l'exécutif ne devrait plus tarder à dévoiler ses arbitrages sur le service d'accès aux soins universel (SAS, future plateforme centralisée de régulation des appels), la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et SAMU-Urgences de France (SUDF) ont clairement exprimé leur volonté d'instaurer ce numéro de santé unique.
Les deux organisations reprennent à leur compte la proposition phare du rapport Carli/Mesnier (sur la refondation des urgences) mais aussi de la mission interministérielle MARCUS (modernisation de l'accessibilité et de la réception des communications d'urgence pour la sécurité, la santé et les secours). Le modèle consisterait à créer un numéro unique de santé, le 113, pour les urgences médicales et les soins non programmés, remplaçant le 15 et le 116 117. Il cohabiterait avec un autre numéro, le 112, réservé aux demandes de secours et de sécurité, remplaçant le 17 et le 18. Un schéma présenté comme lisible et opérationnel.
« Sans numéro unique santé il n'y aura pas de SAS », alerte le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France. L'urgentiste de Metz rejette avec force l'autre scénario qui consisterait à faire du 112 le réceptacle de la totalité des appels – santé, secours et sécurité confondus. Une option jugée « incompatible » avec la nouvelle superplateforme de régulation promise par le gouvernement.
S'ils ne sont pas entendus dans ce choix stratégique, les urgentistes sont prêts à « monter au créneau violemment », a menacé le Dr Braun qui n'exclut pas des « journées de régulation morte ».
Pas de modèle anglo-saxon
« Le modèle du 911 anglo-saxon n'est pas adapté aux services d'urgences français qui sont plus petits », abonde le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la SFMU. Elle estime « entre 20 et 25 % » le nombre de passages aux urgences supplémentaires qu'entraînerait la mise en place d'un 112 unique (traitant la totalité des appels) en raison des départs réflexes engagés par les pompiers.
La directrice médicale du SAMU 95 réclame davantage de « lisibilité » et de « clarté » pour les usagers. Selon elle, seule une séparation nette entre les flux d'appels santé et secours permettrait de répondre à cette exigence. Elle rejette, comme son homologue de SUDF, le maintien d'un numéro de régulation libérale indépendant mais insiste sur la « nécessaire adhésion des médecins généralistes » au futur SAS.
La bataille est féroce sur tous les fronts car le 113 comme unique porte d'entrée « santé » génère aussi des anticorps : tous les syndicats de médecins libéraux mais aussi les pompiers ont exprimé leur rejet du 113 comme numéro unique de santé et leur attachement fort au 116 117 pour la régulation libérale et les soins non programmés...
« Les décisions n'ont pas été arbitrées », a temporisé Agnès Buzyn la semaine dernière. Prudente, la ministre se dit « favorable à ce que les Français aient un numéro quand ils ont un problème de santé qui leur permette d'avoir un médecin au téléphone qui les oriente, soit vers leur généraliste si ça peut attendre, soit vers les urgences ». L'hématologue a rappelé son engagement de rendre le SAS « opérationnel en juin ».
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