FRANÇOIS HOLLANDE démarre officiellement son quinquennat aujourd’hui. Les médecins vivent avec une relative sérénité cette alternance au plus haut sommet de l’État. Il n’en est pas allé de même en mai 1981 avec l’élection de François Mitterrand. La "une" du « Quotidien » au lendemain du scrutin, « Libéralisme dernière », traduit l’inquiétude qui s’empare d’une partie du monde de la santé. Alors que d’aucuns fantasment sur l’entrée des chars soviétiques dans Paris, nombre de médecins libéraux appréhendent la politique de santé de « Tonton ».
En ce printemps 1981, le corps médical est agité. Le matraquage, l’année précédente, de médecins qui manifestaient sur le pont Alexandre III contre l’enveloppe globale, a laissé des traces. Les médecins sont de plus en plus nombreux, leur pouvoir d’achat a baissé. François Mitterrand est le favori des Français. Pas celui des médecins. Il ne recueille que 19,5 % d’intentions de vote chez les praticiens. Ces derniers lui préfèrent Jacques Chirac (33,5 %) et Valéry Giscard d’Estaing (23,5 %). Le candidat socialiste fait peur. Il entend renégocier la convention, que la CSMF vient juste de signer, supprimer le nouveau secteur II, interdire l’activité libérale à l’hôpital et expérimenter (généraliser ?) d’autres formes de rémunération que le paiement à l’acte. Le nouveau chef d’État souhaite que les cliniques et les hôpitaux publics aient « les mêmes contraintes » et soient « traités de la même manière ». Il prône la nationalisation des trois grands groupes de l’industrie pharmaceutique (Rhône-Poulenc, Roussel-Uclaf, Pharmuka) et veut aussi supprimer l’Ordre des médecins.
L’épouvantail des centres de santé intégrés.
Mais surtout, l’idée phare de François Mitterrand, qui cristallise les inquiétudes, est la création de centres de santé intégrés où collaborent médecins et paramédicaux, tous payés à la fonction. Dans les colonnes du
« Quotidien », le président de la République se défend de créer des « machines de guerre » contre les médecins. Il n’empêche. Les praticiens redoutent une « nationalisation de la médecine » et l’extinction de la médecine libérale. Dans l’entre-deux-tours, la FMF brise un tabou en appelant à voter pour Valéry Giscard d’Estaing. Lors d’un déjeuner avec les professions libérales à quelques jours du second tour, le président sortant s’emploie à discréditer son adversaire sur son programme santé. « Ce sera, il ne faut pas se payer de mots, l’extinction progressive de la médecine libérale en France », assure Giscard. Et de jouer sur la peur en évoquant la multiplication des centres de santé : « Il est très facile de restreindre puis de faire disparaître, en quelques années, la sphère d’exercice de la médecine libérale… Une fois que cela aura disparu, on ne reviendra jamais en arrière. »
Ancien responsable du mouvement « Santé et socialisme », boîte à idées de François Mitterrand, le Dr Claude Pigement se souvient du caractère « novateur » des propositions de son candidat. « François Mitterrand menait un combat idéologique et une majorité de médecins considéraient qu’il allait remettre en cause les piliers de la médecine libérale, il y avait une méfiance, une tension, que la nomination du communiste Jack Ralite au ministère de la santé a exacerbée ». Mais les deux septennats de François Mitterrand ont changé la donne. « Je me dis que nous avions raison avant tout le monde, s’enorgueillit le Dr Pigement. Aujourd’hui, tout le monde soutient les maisons de santé, la profession a accepté des compléments au paiement à l’acte et les jeunes demandent à être salariés. »
L’époque et le contexte ont changé. La grande peur de 1981 a laissé la place à une force plus tranquille en 2012. « François Hollande veut moderniser le système de santé avec les professionnels de santé, sans brutalité », assure Claude Pigement.
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