Ce n'est pas faire injure à Florence Portelli, Daniel Fasquelle, Laurence Sailliet, Julien Aubert et Maël de Calan que leur dire gentiment que M. Wauquiez les dépasse d'une tête, au propre comme au figuré. Là où l'on aurait pu attendre une Valérie Pécresse ou un Xavier Bertrand, on voit arriver une troupe qui risque de grossir encore d'ici à décembre. M. Wauquiez ne peut que s'en enorgueillir. S'il n'y a pas de poids-lourd contre lui, c'est parce que ses pairs le croient invincible.
Ses concurrents ont donc moins à perdre que d'autres, mais à quoi bon entrer dans une partie que tout le monde considère comme jouée ? Chacun des cinq autres candidats (à ce jour) déclarés a ses propres motivations. Ensemble, ils représentent l'émanation des diverses sensibilités naguère incarnées par Alain Juppé, François Fillon ou Nicolas Sarkozy. Cette brusque apparition de noms moins médiatisés (mais ne faut-il pas un début à tout ?) démontre, de manière implacable, que l'élection présidentielle de cette année a mis fin à beaucoup de carrières et écarté, durablement ou définitivement, quelques célébrités.
Les Républicains doivent certes passer à la génération suivante, conformément à l'exemple donné par notre président de moins de quarante ans. Mais ceux qui, il y a encore quelques mois, se disputaient la première place, ont laissé de profonds sillages dans lesquels pataugent les militants, pour ne pas écrire qu'ils s'y noient. Laurent Wauquiez n'est ni la copie de Sarkozy ni celle de Fillon, mais il réussit à synthétiser les défauts des deux. De M. Sarkozy, il a hérité l'idée que le parti doit s'étendre sur sa droite et phagocyter une partie du Front national ; et dans le legs, figure celui qui murmurait à l'oreille de l'ancien président, Patrick Buisson. De M. Fillon, il a pris cette illusion qui a fait croire à l'ancien Premier ministre que, en se faisant acclamer par Sens commun, il pouvait entrer à l'Elysée. Cela fait plutôt une addition d'inspirations qui vont dans le même sens, le credo identitaire et anti-immigrés qui ressemble à s'y tromper à celui de Marine Le Pen au moment précis où celle-ci se demande si elle ne doit pas changer à la fois d'entourage et de convictions. LR et FN, c'est l'œuf et la poule : on ne sait plus trop bien lequel des deux marche sur les plates-bandes de l'autre et il serait hilarant que M. Wauquiez sombre dans l'extrémisme tandis que Mme Le Pen serait tentée d'en sortir et, par exemple, d'accepter l'euro. Ce qui, au final, signifierait qu'il n'y a plus de différence entre eux.
Voie sans issue
C'est contre M. Wauquiez et ses principes que se multiplient les candidatures au sein de la droite. Ils ne veulent pas de la dérive qu'il représente, et qui, à leurs yeux, lui fera perdre la prochaine élection s'il engage son parti dans une voie sans issue. L'alternative à Wauquiez, c'est une personnalité plus œcuménique, capable, si c'est encore compatible avec la forte présence de la République en marche, d'attirer vers lui des élus du centre, conformément à la vocation de la défunte UMP. Cependant, les forces centrifuges semblent irrésistibles. Mme Pécresse et M. Bertrand défendent des idées qui permettent le rassemblement, mais déjà de nombreux LR ont quitté le parti pour former un groupe de « constructifs » à l'Assemblée et M. Wauquiez, en quelque sorte, en a tiré la leçon : il ne voit pas pourquoi il adoucirait un discours qui, de toute façon, ne convaincra pas ceux qui ont déjà franchi le Rubicon et risque de laisser de marbre d'autres modérés du parti.
Les cinq autres candidats à la présidence de LR craignent que, en optant pour la démagogie, il prive son parti d'effectifs indispensables. Ne pas cultiver les centristes, c'est abandonner le centre au parti de M. Macron et se priver de ce supplément de voix qu'il faut trouver au moment du scrutin pour remporter la victoire.
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