Généticienne de formation et docteure en immunologie, Inna Menkova a créé la start-up Allogenica en janvier 2022 à Lyon. Elle travaille depuis deux ans sur le développement de thérapies CAR-T universelles et a d’ores et déjà validé sa preuve de concept au sein des laboratoires du Centre de recherche en cancérologie de Lyon.
« Aujourd’hui, 20 000 patients par an sont diagnostiqués pour une leucémie ou un lymphome dans le monde et uniquement 10 % reçoivent des traitements par cellules CAR-T, à cause de capacités industrielles insuffisantes et d’un coût très élevé du traitement (environ 300 000 euros par patient, hors prise en charge hospitalière) », pointe Inna Menkova, PDG d’Allogenica.
Les premiers médicaments à base de cellules CAR-T sont arrivés sur le marché en 2017 et reposent sur le prélèvement de cellules d’un patient malade (les lymphocytes T), leur modification génétique ex vivo afin qu’ils puissent reconnaître les cellules cancéreuses, puis leur réinjection au patient. « Actuellement, ces cellules CAR-T sont produites pour chaque patient à partir de ses propres cellules. Or, elles peuvent être abîmées par la maladie et les traitements antérieurs, ce qui entraîne une impossibilité d’en produire de qualité suffisante », souligne la chercheuse.
Traitements allogéniques à partir de donneurs sains
Pour remédier à ce problème, Inna Menkova a décidé de travailler sur des traitements allogéniques, à partir de donneurs sains et non de patients. « Nous partons des cellules souches hématopoïétiques dans le sang du donneur », explique-t-elle. Principaux avantages : une meilleure qualité des cellules et un processus de fabrication de trois semaines permettant de faire du stock et d’obtenir un traitement prêt à l’emploi. Un atout non négligeable alors que le délai actuel entre l’entrée du patient traité par cellules CAR-T à l’hôpital et sa sortie est en moyenne de deux mois.
« La plupart de nos concurrents travaillent à partir de cellules de donneurs sains, mais introduisent jusqu’à six modifications génétiques, décrit-elle. Nous, nous introduisons une seule modification génétique : on insère la molécule thérapeutique, le CAR, à l’intérieur de ces cellules souches. Ensuite, chaque patient fabrique son propre traitement lui-même. »
Le procédé a été intégré dans une plateforme de bioproduction qu’Allogenica souhaite maintenant industrialiser. « Cela permettra à nos traitements d’être immédiatement disponibles et de diviser les coûts de production par 10 », prévoit Inna Menkova. Pour cela, Allogenica vient de lever 500 000 euros, qui lui permettront également de s’engager dans des études précliniques. L’entrée en phase clinique chez l’homme est prévue en 2026.
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