Dans le cadre d’une immunothérapie contre le cancer, la cible est généralement le système immunitaire adaptatif. L’immunité innée est, elle, souvent oubliée.
Une étude du Dana-Farber Cancer Institute publiée dans « Nature » par l’équipe du Dr Jennifer Guerriero, vise la branche innée du système immunitaire. « La plupart des immunothérapies anticancéreuses actuelles sont conçues pour agir sur les lymphocytes T — une composante du système immunitaire adaptatif — en les programmant à attaquer les cellules tumorales ou en enlevant les obstacles à une telle attaque », explique Jennifer Guerriero.
Le double jeu des macrophages associés à la tumeur
« Cette stratégie s’est révélée efficace contre de nombreux types de cancers, poursuit-elle. Mais n’est en général bénéfique qu’a une sous-catégorie de patients. Nous voulions voir si l’exploitation des deux branches de l’immunité pouvait produire de meilleurs résultats. » La cible de son étude : les macrophages présents au sein des tumeurs, dits « macrophages associés à la tumeur » (TAMs).
Ces cellules du système immunitaire inné peuvent être détournées de leur fonction par les cellules tumorales, et se retrouver à promouvoir la croissance tumorale.
Un effet synergique aux thérapies conventionnelles
Non seulement ces TAMs ne vont pas phagocyter les cellules tumorales, mais elles vont également stimuler l'angiogenèse, et inhiber les lymphocytes T cytotoxiques, dont le rôle est de supprimer les cellules tumorales. Dans leurs recherches précédentes, les chercheurs du Dana-Farber ont démontré qu’un composé appelé TMP195, un « inhibiteur de l’histone déacétylase de classe IIa » qui va moduler l’activité des gènes des TAMs, pouvait reconvertir ces macrophages en macrophages qui attaqueront la tumeur.
Dans l’étude actuelle, ce composé a été testé sur un modèle de souris de cancer du sein. Seul, il provoque une réduction importante de la vitesse de croissance de la tumeur. Utilisé en combinaison avec plusieurs types de chimiothérapies (carboplatine, paclitaxel) ou avec une immunothérapie d’ « inhibition des points de contrôle des lymphocytes T », il a été plus efficace encore, avec un effet de plus longue durée. Reprogrammés, les macrophages vont, entre autres, phagocyter les cellules tumorales, cesser de promouvoir l'angiogenèse, et recruter et activer les lymphocytes T cytotoxiques, qui détruiront les cellules tumorales.
Selon Anthony Letai, coauteur de l’étude, « le futur des thérapies anticancéreuses est dans la combinaison de thérapies visant à agir sur le système immunitaire inné et adaptatif du patient, et des thérapies comme la chimiothérapie ou la radiothérapie, visant à agir directement sur les cellules cancéreuses. »
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