Les études sur les effets du café sur la santé se suivent et ne se ressemblent pas toujours. Deux nouvelles études de cohorte, menée pour l’une en Europe, pour l’autre aux États-Unis, et toutes deux parues dans les « Annals of Internal Medicine » montrent que la consommation de café est associée à une baisse de la mortalité.
La première étude s’est basée sur les données de la cohorte EPIC (European prospective investigation into cancer and nutrition), une cohorte comprenant 521 330 personnes dans 10 pays européens (Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne, Suède, Pays-Bas, Danemark, Grèce, Norvège, Espagne). Les régimes alimentaires et en particulier la consommation de café était évalués par des questionnaires et des entretiens. La consommation variait fortement d’un pays à l’autre, en type de café et en quantité (de 92 ml par jour en Italie, à 900 ml par jour au Danemark).
Les auteurs ont d’abord observé que les consommateurs de café étaient dans l’ensemble plus jeunes, fumeurs, consommateurs d’alcool, mangeaient moins de fruits et légumes et plus de viande que les non-consommateurs de café. Après 16,4 ans de suivi, 41 693 personnes étaient mortes dans cette cohorte.
Après ajustement en fonction des facteurs tels que le tabagisme, les auteurs ont observé que les participants qui buvaient trois tasses (ou plus) par jour présentaient des bénéfices en termes de mortalité, en particulier pour la mortalité due aux maladies digestives et circulatoires. Ces résultats étaient observés dans les 10 pays étudiés, et aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
En revanche, chez les femmes, un surrisque de cancer de l’ovaire était associé à la consommation de café. Les auteurs ont aussi recherché, dans un sous-groupe de 14 000 personnes, certains biomarqueurs métaboliques et constaté que les buveurs de café avaient un foie plus sain et un meilleur contrôle du glucose.
Toutes les ethnies bénéficient du café
De leur côté, des chercheurs américains ont cherché à vérifier que les effets bénéfiques étaient valables pour d’autres ethnies que les Blancs. Ils ont utilisé les données provenant de la MEC (multiethnic cohort), une cohorte de 185 855 personnes (17 % d’Africains américains, 7 % de natifs hawaiiens, 29 % de Japonais américains, 22 % de Latinos et 25 % de Blancs), âgés de 45 à 75 ans au moment du recrutement (entre 1993 et 1996).
Parmi les participants, 16 % ne buvaient pas du tout de café, 31 % en consommaient une tasse par jour, 25 % deux à trois tasses, 7 % quatre tasses et plus, et 21 % avaient une consommation irrégulière.
Les auteurs ont alors observé que, pendant les 16,2 ans qu’a duré le suivi, 58 397 participants sont morts. Mais ceux qui consommaient une tasse par jour avaient un risque de mourir inférieur de 12 % par rapport à ceux qui ne buvaient pas du tout de café ; et ceux qui buvaient deux à trois tasses (ainsi que des quantités supérieures) voyaient ce risque diminuer de 18 %. Cette association était retrouvée dans quatre des ethnies prises en compte (toutes sauf les Hawaiiens, pour lesquels les résultats n’étaient pas significatifs).
« Déca » ou « noir », même combat ?
Dans les deux études, le bénéfice observé était le même avec du café décaféiné qu’avec du café noir. Et là, les auteurs ne sont pas d’accord. Ceux de la seconde étude estiment que cela signifie que ce n’est pas la caféine qui exerce un effet protecteur. Mais ceux de la première étude pensent que la différence de consommation entre « déca » et « noir » est difficile à évaluer, car les consommateurs de « déca » boivent généralement aussi du « noir ».
Un autre point qui différencie les auteurs de ces deux études est que les Européens, en signalant les limites dues à la nature observationnelle de leur étude, indiquent qu’il ne s’agit pas de conseiller de boire davantage de café, mais simplement de dire que sa consommation n’est pas délétère, et que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre quel composant du breuvage est bénéfique. Alors que pour Veronica Setiawan, auteure principale de l’article portant sur l’étude américaine, « ceux qui aiment le café peuvent continuer et ceux qui n’en boivent pas devraient peut-être penser à s’y mettre ! ».
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